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Poème Attention "c'est vachement long" : Le Rat de Bibliothèque

Peniculo

Maître poète
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#1
Attention c'est vachement long : Le Rat de bibliothèque


Aux livres que j’ai lus et relus par envie
Je voudrais faire savoir qu’ils furent mes bonheurs
Certains ont enrichi maints moments de ma vie
Je dois de les aimer à mes bons professeurs.

Leurs noms se superposent aux choix qu’ils m’ont fait faire
Aux goûts qu’ils m’ont donnés d’aimer la qualité
De trouver des filons de mines littéraires
D’ enrichir mon esprit dans la diversité.

J’ai sur des étagères un excédent d’ouvrages,
Certains sont bon-marché d’autres plus onéreux,
J’ai même des doublons quand trop s’usent les pages
Mais je n’en garde aucun s’il ne me rend heureux.

Si le petit format plaît à ma tirelire
Les habillés de cuir sont des exceptions
Certains s’usent plus vite, ils incitent à relire
D’ autres sont des trésors aux milles précautions.

Les classiques sont là en état lamentable
Tant les pages tournées ont été au travail
Un double est conservé peu lus mais admirable
D’un château de papier chacun est un vitrail.

Tant est riche de joies notre littérature
Qu’on ne pourrait tout lire et, bien sûr, tout avoir
Si j’ai comblé des trous dans ma courte culture
Les livres sont les clefs de mon petit savoir.

Mais j’ai des préférences issues de professeurs
Qui surent me montrer la saveur de la langue
Des choix parmi la foule aux célèbres auteurs,
Diamants que le temps sut extirper de leur gangue.

Quand le contemporain occupe un bel espace
Les lettrés distingués ont des places de choix
On ne saurait ranger en une même place
Alceste, Iphigénie, avec Sagan, Maurois.

Partant du moyen-âge et de ses deux romans
Je connais de Renart le poème notable
Ses auteurs sont plusieurs médiévaux et rimant
En le modernisant sa langue est acceptable.

Le Roman de la Rose est un œuvre sublime
Guillaume de Lorris en fit la prime part
Sa langue raffinée où l’amoureux s’abîme
Dépasse de l’amour le délicat rempart.

Jean de Meung en second acheva le roman
Ses lignes énergiques autant que savoureuses
S’adressent à l’esprit mais n’ont rien d’assommant
Car ses digressions de rire sont porteuses.

Je l’avoue maintenant de Villon, j’ai tout lu
J’ai relu mot à mot Testament et ballades
Des dames du temps jadis à celle des pendus
Je me suis enchanté des rimes en parades

Certes j’aime Racine il peint, comme on l’a dit,
Les hommes sans cacher leurs intimes faiblesses
Corneille me plaît aussi avec sa tragédie
Qui montre des humains, folies et hardiesses.

J’adore Poquelin qui inventa Alceste
Et qui nous divertit de son mamamouchi
Il sait tout des maris, des femmes, et il conteste
Par le biais de Tartuffe un sein qui s’affranchit.

Je ne saurais de tous crier tous les bienfaits
Sautant de Rabelais à l’illustre Pléiade
J’aime La Boétie, Montaigne et ses essais,
Agrippa d’Aubigné, sa sublime croisade.

Rabelais et Ronsard et puis plus tard Montaigne
Sont les clés du seizième aux illustres écrits
Le dix septième allait devenir une enseigne
Pour l’épanouissement des plus féconds esprits

De Mathurin Régnier on connut la satire
Illustre devancier de Molière l’immortel
Et puis Malherbe vint il avait à redire
Sur la rime souffrant d’un mal accidentel.

De Guez de Balzac réformateur de prose
On oublie trop le nom, il a su rappeler
Que l’usage en l’écrit est chose qui s’impose
Le style venant après la langue modeler.

Et puis, le temps coulant, la pensée se réforme
Laïcs et religieux sont en constants débats
Pendant que d’un discours la méthode prend forme
Descartes sur Gassendi gagnera le combat.

De chefs d’œuvre premiers les doctes se révèlent
La nature s’imite ainsi que les anciens
Les mondains précieux dont les écrits se mêlent,
Chez Voiture ou Scarron recherchent des soutiens.

Et voila que Corneille admirable et tragique
Ressuscite d’Eschyle et Sophocle l’écho
Il prend à Euripide sa forme dramatique
Et Horace et Cinna deviennent ses héros.

Un génie survenant pour penser autrement
Issu de Port Royal impose ses idées
D’ éloquence teintant son strict jugement
Pascal nous a laissé ses célèbres pensées.

S’en viennent des génies en ce siècle complet
La Fontaine, Boileau, Molière et Racine
Puis La Rochefoucauld, le prêcheur Bossuet,
Dame de Sévigné dont l’écriture fascine.

Tout ce monde écrit bien mais l’oubli vient cacher
Bourdaloue, Massillon, l’éloquence oratoire
À l’oraison funèbre certains vont s’attacher
Bossuet en atteint, par son Lutrin, la gloire.

Et puis mettons à part la fin du siècle doux
Où La Bruyère offrit ses fameux caractères
Fénelon précepteur ne l’aimait pas beaucoup
Mais de son Télémaque ne faisons pas mystère.

Du siècle dix septième il ne pouvait sortir
Que des talents nouveaux sublimes héritages
Le dix huitième est fou il allait aboutir
À un foisonnement de plumes et d’ouvrages.

L’esprit philosophique est soudain en éveil
La société, les mœurs exigent la lumière
On se distrait aussi Marivaux émerveille
Lesage écrit Gil Blas, Regnard le Légataire

Le géant Montesquieu aux lois met de l’esprit
Puis ses lettres avouent que les persans écrivent
Sur un monde boiteux, et déjà il prédit
Que dans ce siècle là quelques raisons dérivent.

Et le génie Voltaire en poésie, en prose,
S’en va parler de tout mais en philosophant
Sur la crédulité il a un œil morose
Mais il ne renie pas le pouvoir triomphant

« L’univers m’embarrasse et je ne puis songer
Que cette horloge existe et n’ait point d’horloger »
Dira-t-il pour couper sans le trop prolonger
L’athéisme où certains désiraient le plonger.

Mille ravissements viennent de sa lecture
Pourtant Zaïre, Mérope n’eurent qu’un discret écho
Son théâtre plut moins que sa poésie pure
Son épître à Horace eut de nombreux bravo.

Un doué touche à tout philosophe riant
Vint éclairer l’époque avec sa vérité
De l’encyclopédiste au romancier brillant
Diderot des aveugles orna la cécité,

Le Neveu de rameau éveilla les esprits
Et Jacques le fataliste incita à sourire
Réaliste conteur il fut de tous compris
De nombreux paradoxes il aimait discourir.

De troubles politiques s’en vint bouillir l’état
Mais un naturaliste à l’esprit scientifique
Qui se nommait Buffon aux savoirs s’entêta
Son discours sur le style est œuvre magnifique.

Ne nous jetons pas sur Rousseau maintenant
Parlons préromantisme et donc de Vauvenargues
En réhabilitant cet auteur simplement
Il craint trop la raison que la passion nargue.

Enfin s’en vient Jean-Jacques avec son Héloïse
Et puis tous ses travaux sur de nombreux objets
Il va de d’Alembert à la nature exquise,
De ses confessions il devient le sujet.

On connut de l’Emile au lycée les rouages
Et du contrat social le style politique
L’auteur était fort grand mais l’homme c’est dommage
Eut une vie secrète éminemment tragique.

Le temps passant toujours pour Paul qui Virginise
Bernardin de Saint Pierre au style un peu naïf
Décrit une nature que sa plume exotise
On me l’a imposé je l’ai subi passif !

De poètes vivant en ces années de gloire
Je n’ai qu’André Chénier en plaisant souvenir
C’est le culte du beau qui signe son histoire
Sa jeune Tarentine est chose à retenir.

Et puis un phénomène un savant virtuose
Vient révolutionner le théâtre et l’écrit
Caron de Beaumarchais est une apothéose
Il faudrait être sot pour n’en pas être épris.

La révolution eut des littératures
Et j’ai lu Mirabeau, Danton, Robespierre,
Des bribes obligées historiques et dures
De la démocratie ils sont première pierre !

Le dix neuvième arrive abondance des lettres
Sept voies politiques s’y mettent bout à bout
Les auteurs y pullulent on ne saurait les mettre
En quelques vers succins car ils parlent de tout.

D’abord Chateaubriand cet aigle majuscule
Nous révèle une langue aux mille perfections
Atala et René sont-ils un préambule
Aux martyrs dont les mots font l’admiration.

Génie du christianisme ou mémoires d’outre-tombe
Tout devient attachant le lecteur est captif
Voyage en Amérique décrit le nouveau monde
François René vous prend et c’est définitif.

Après, pardonnez-moi, j’ai bu la mer entière
Les yeux émerveillés et le cœur en émoi
C’était le flot constant d’une fièvre première
Où l’on voudrait pouvoir tout cueillir à la fois.

La Martine et Vigny, Hugo le phénomène,
Poète aux infinis, romancier immortel,
Disant en vers savants toute l’histoire humaine
Et créant la légende de l’œil de l’éternel

Ruy Blas et Hernani qui fit une bataille
Tant le génie de l’homme était d’un autre temps
Olympio poète où la rime défaille
Tant la tristesse est belle en ses rimes chantant.

À ces noms que le temps en notre esprit maintient
Il nous faut ajouter Musset le noctambule
Et son Lorenzaccio au bord du shakespearien
Puis sa badinerie ou l’amour s’accumule.

Vigny et Chatterton précéderont Gautier
Ses émaux et camées sont étrange merveille
De l’art de bien rimer il a fait un métier
Et sous ses mots choisis la musique sommeille.

Et la liste s’allonge par Desbordes-Valmore
Par Gérard de Nerval et son Desdichado
Arrive Georges Sand aux livres plein d’aurore
Et ses constructions dignes d’un mikado.

D’ Honoré de Balzac je ne vous dirai rien
C’est la plume plaisir mêlant larmes et rire
Vous voulez essayer ce géant magicien
Effleurez quelques lignes, et vous voudrez tout lire.

Stendhal inévitable et Mérimée aussi
Seront des compagnons à lire délicieux
Michelet j’en ai lu, l’histoire a ses soucis
On me l’a imposé il me fut fastidieux.

Renan, Taine, Michelet, je n’en eus pas souci,
Mais par mes professeurs j’en reçus des lueurs
Oui c’était bien écrit le style était précis
Mais je n’y trouvais pas l’étonnement du cœur.

Il me manquait un bout de siècle poétique
Et Leconte de Lisle répondit à mes vœux
Car les parnassiens de leur plume magique
À la prose s’en vinrent dirent leur désaveu.

Théodore de Banville ainsi qu’Heredia
Avec Sully Prudhomme ont suivi Baudelaire
La reine poésie au charme immédiat
Rend aux rimes nouvelles la gloire littéraire.

La prose magnifique aux récits attachants
Voit Flaubert et Zola enchanter la lecture
Emma ou l’Assommoir précèdent Maupassant
Qui renforce l’attrait de la littérature.

Effleurons les Goncourt dont on connaît le prix
Et allons à Verlaine et Alphonse Daudet,
Rimbaud du bateau ivre enchante les esprits
Quand Tarascon raconte lions et farfadets

Comment parler ici de Rimbaud de Verlaine
Sans que de Mallarmé on prise les sonnets
Le symbolisme fait de la rime une reine
De Laforgue et Samain on aime les sujets.

Le romantisme amène un théâtre nouveau :
Henry Becque, Maeterlinck aux scènes symboliques ;
Mélisande Pelléas lèveront le rideau
Au son de Debussy qui en fit les musiques.

Enfin du dix neuvième il reste des auteurs :
Car Anatole France a sa rôtisserie
Pierre Loti de l’Islande devint l’un des pêcheurs
France avec ses pingouins fit une féerie.

Et que dire de Proust ? Il naît fin dix neuvième
Mais commence à chercher son fameux temps perdu
Quand se trouve entamé largement le vingtième
Et en dix neuf cent treize un Goncourt lui est dû

Ses phrases souvent longues, ornent la vérité
En un tableau du temps où bien des personnages
D’un théâtre social sont la réalité
Le style est élégant tout au long de ses pages.

Nous en sommes au vingtième alors là, trop c’est trop
Il va falloir trier de Zweig jusqu’à Achard
D’ auteurs de cette époque on a fait des dicos
Recensant les élites, évitant les nullards.

Je prenais l’autobus et aussi le métro
Pour aller me nourrir le cerveau au collège
Et je lisais beaucoup, ça ne coûtait pas trop
Par la bibliothèque une facture s’allège.

Le livre me plaisant je l’achetais parfois
Et des auteurs traînaient souvent en ma sacoche
Si je m’y attachais je les gardais pour moi
J’acquis donc un excès de ces livres de poche.

Je ne vous dirai pas mes livres préférés
Ils sont rimes ou prose, ont tous l’art de me plaire
Leurs auteurs sont connus et souvent adorés
Alors ils nous accrochent , on ne s’y peut soustraire.

Mais je n’ai point d’ouvrage issu des matraquages
Dont la publicité remplace le talent
Je vais au magasin je feuillette des pages
Si cela m’est plaisant je deviens bon chaland.

Et parfois je remplace un vieux trésor ridé
Qui trop relu se plaint d’avoir perdu sa gloire
J’ouvre la nouveauté d’un geste décidé
Et me voila captif à nouveau de l’histoire.

Vous qui aimez les livres ayez de la méfiance
On vend n’importe quoi pour prendre vos euros
La quantité n’est pas signe d’une excellence
Et l’on n’est pas au bout du règne des zéros.






 
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Attention c'est vachement long : Le Rat de bibliothèque


Aux livres que j’ai lus et relus par envie
Je voudrais faire savoir qu’ils furent mes bonheurs
Certains ont enrichi maints moments de ma vie
Je dois de les aimer à mes bons professeurs.


Leurs noms se superposent aux choix qu’ils m’ont fait faire
Aux goûts qu’ils m’ont donnés d’aimer la qualité
De trouver des filons de mines littéraires
D’ enrichir mon esprit dans la diversité.


J’ai sur des étagères un excédent d’ouvrages,
Certains sont bon-marché d’autres plus onéreux,
J’ai même des doublons quand trop s’usent les pages
Mais je n’en garde aucun s’il ne me rend heureux.


Si le petit format plaît à ma tirelire
Les habillés de cuir sont des exceptions
Certains s’usent plus vite, ils incitent à relire
D’ autres sont des trésors aux milles précautions.


Les classiques sont là en état lamentable
Tant les pages tournées ont été au travail
Un double est conservé peu lus mais admirable
D’un château de papier chacun est un vitrail.


Tant est riche de joies notre littérature
Qu’on ne pourrait tout lire et, bien sûr, tout avoir
Si j’ai comblé des trous dans ma courte culture
Les livres sont les clefs de mon petit savoir.


Mais j’ai des préférences issues de professeurs
Qui surent me montrer la saveur de la langue
Des choix parmi la foule aux célèbres auteurs,
Diamants que le temps sut extirper de leur gangue.


Quand le contemporain occupe un bel espace
Les lettrés distingués ont des places de choix
On ne saurait ranger en une même place
Alceste, Iphigénie, avec Sagan, Maurois.


Partant du moyen-âge et de ses deux romans
Je connais de Renart le poème notable
Ses auteurs sont plusieurs médiévaux et rimant
En le modernisant sa langue est acceptable.


Le Roman de la Rose est un œuvre sublime
Guillaume de Lorris en fit la prime part
Sa langue raffinée où l’amoureux s’abîme
Dépasse de l’amour le délicat rempart.


Jean de Meung en second acheva le roman
Ses lignes énergiques autant que savoureuses
S’adressent à l’esprit mais n’ont rien d’assommant
Car ses digressions de rire sont porteuses.


Je l’avoue maintenant de Villon, j’ai tout lu
J’ai relu mot à mot Testament et ballades
Des dames du temps jadis à celle des pendus
Je me suis enchanté des rimes en parades


Certes j’aime Racine il peint, comme on l’a dit,
Les hommes sans cacher leurs intimes faiblesses
Corneille me plaît aussi avec sa tragédie
Qui montre des humains, folies et hardiesses.


J’adore Poquelin qui inventa Alceste
Et qui nous divertit de son mamamouchi
Il sait tout des maris, des femmes, et il conteste
Par le biais de Tartuffe un sein qui s’affranchit.


Je ne saurais de tous crier tous les bienfaits
Sautant de Rabelais à l’illustre Pléiade
J’aime La Boétie, Montaigne et ses essais,
Agrippa d’Aubigné, sa sublime croisade.


Rabelais et Ronsard et puis plus tard Montaigne
Sont les clés du seizième aux illustres écrits
Le dix septième allait devenir une enseigne
Pour l’épanouissement des plus féconds esprits


De Mathurin Régnier on connut la satire
Illustre devancier de Molière l’immortel
Et puis Malherbe vint il avait à redire
Sur la rime souffrant d’un mal accidentel.


De Guez de Balzac réformateur de prose
On oublie trop le nom, il a su rappeler
Que l’usage en l’écrit est chose qui s’impose
Le style venant après la langue modeler.


Et puis, le temps coulant, la pensée se réforme
Laïcs et religieux sont en constants débats
Pendant que d’un discours la méthode prend forme
Descartes sur Gassendi gagnera le combat.


De chefs d’œuvre premiers les doctes se révèlent
La nature s’imite ainsi que les anciens
Les mondains précieux dont les écrits se mêlent,
Chez Voiture ou Scarron recherchent des soutiens.


Et voila que Corneille admirable et tragique
Ressuscite d’Eschyle et Sophocle l’écho
Il prend à Euripide sa forme dramatique
Et Horace et Cinna deviennent ses héros.


Un génie survenant pour penser autrement
Issu de Port Royal impose ses idées
D’ éloquence teintant son strict jugement
Pascal nous a laissé ses célèbres pensées.


S’en viennent des génies en ce siècle complet
La Fontaine, Boileau, Molière et Racine
Puis La Rochefoucauld, le prêcheur Bossuet,
Dame de Sévigné dont l’écriture fascine.


Tout ce monde écrit bien mais l’oubli vient cacher
Bourdaloue, Massillon, l’éloquence oratoire
À l’oraison funèbre certains vont s’attacher
Bossuet en atteint, par son Lutrin, la gloire.


Et puis mettons à part la fin du siècle doux
Où La Bruyère offrit ses fameux caractères
Fénelon précepteur ne l’aimait pas beaucoup
Mais de son Télémaque ne faisons pas mystère.


Du siècle dix septième il ne pouvait sortir
Que des talents nouveaux sublimes héritages
Le dix huitième est fou il allait aboutir
À un foisonnement de plumes et d’ouvrages.


L’esprit philosophique est soudain en éveil
La société, les mœurs exigent la lumière
On se distrait aussi Marivaux émerveille
Lesage écrit Gil Blas, Regnard le Légataire


Le géant Montesquieu aux lois met de l’esprit
Puis ses lettres avouent que les persans écrivent
Sur un monde boiteux, et déjà il prédit
Que dans ce siècle là quelques raisons dérivent.


Et le génie Voltaire en poésie, en prose,
S’en va parler de tout mais en philosophant
Sur la crédulité il a un œil morose
Mais il ne renie pas le pouvoir triomphant


« L’univers m’embarrasse et je ne puis songer
Que cette horloge existe et n’ait point d’horloger »
Dira-t-il pour couper sans le trop prolonger
L’athéisme où certains désiraient le plonger.


Mille ravissements viennent de sa lecture
Pourtant Zaïre, Mérope n’eurent qu’un discret écho
Son théâtre plut moins que sa poésie pure
Son épître à Horace eut de nombreux bravo.


Un doué touche à tout philosophe riant
Vint éclairer l’époque avec sa vérité
De l’encyclopédiste au romancier brillant
Diderot des aveugles orna la cécité,


Le Neveu de rameau éveilla les esprits
Et Jacques le fataliste incita à sourire
Réaliste conteur il fut de tous compris
De nombreux paradoxes il aimait discourir.


De troubles politiques s’en vint bouillir l’état
Mais un naturaliste à l’esprit scientifique
Qui se nommait Buffon aux savoirs s’entêta
Son discours sur le style est œuvre magnifique.


Ne nous jetons pas sur Rousseau maintenant
Parlons préromantisme et donc de Vauvenargues
En réhabilitant cet auteur simplement
Il craint trop la raison que la passion nargue.


Enfin s’en vient Jean-Jacques avec son Héloïse
Et puis tous ses travaux sur de nombreux objets
Il va de d’Alembert à la nature exquise,
De ses confessions il devient le sujet.


On connut de l’Emile au lycée les rouages
Et du contrat social le style politique
L’auteur était fort grand mais l’homme c’est dommage
Eut une vie secrète éminemment tragique.


Le temps passant toujours pour Paul qui Virginise
Bernardin de Saint Pierre au style un peu naïf
Décrit une nature que sa plume exotise
On me l’a imposé je l’ai subi passif !


De poètes vivant en ces années de gloire
Je n’ai qu’André Chénier en plaisant souvenir
C’est le culte du beau qui signe son histoire
Sa jeune Tarentine est chose à retenir.


Et puis un phénomène un savant virtuose
Vient révolutionner le théâtre et l’écrit
Caron de Beaumarchais est une apothéose
Il faudrait être sot pour n’en pas être épris.


La révolution eut des littératures
Et j’ai lu Mirabeau, Danton, Robespierre,
Des bribes obligées historiques et dures
De la démocratie ils sont première pierre !


Le dix neuvième arrive abondance des lettres
Sept voies politiques s’y mettent bout à bout
Les auteurs y pullulent on ne saurait les mettre
En quelques vers succins car ils parlent de tout.


D’abord Chateaubriand cet aigle majuscule
Nous révèle une langue aux mille perfections
Atala et René sont-ils un préambule
Aux martyrs dont les mots font l’admiration.


Génie du christianisme ou mémoires d’outre-tombe
Tout devient attachant le lecteur est captif
Voyage en Amérique décrit le nouveau monde
François René vous prend et c’est définitif.


Après, pardonnez-moi, j’ai bu la mer entière
Les yeux émerveillés et le cœur en émoi
C’était le flot constant d’une fièvre première
Où l’on voudrait pouvoir tout cueillir à la fois.


La Martine et Vigny, Hugo le phénomène,
Poète aux infinis, romancier immortel,
Disant en vers savants toute l’histoire humaine
Et créant la légende de l’œil de l’éternel


Ruy Blas et Hernani qui fit une bataille
Tant le génie de l’homme était d’un autre temps
Olympio poète où la rime défaille
Tant la tristesse est belle en ses rimes chantant.


À ces noms que le temps en notre esprit maintient
Il nous faut ajouter Musset le noctambule
Et son Lorenzaccio au bord du shakespearien
Puis sa badinerie ou l’amour s’accumule.


Vigny et Chatterton précéderont Gautier
Ses émaux et camées sont étrange merveille
De l’art de bien rimer il a fait un métier
Et sous ses mots choisis la musique sommeille.


Et la liste s’allonge par Desbordes-Valmore
Par Gérard de Nerval et son Desdichado
Arrive Georges Sand aux livres plein d’aurore
Et ses constructions dignes d’un mikado.


D’ Honoré de Balzac je ne vous dirai rien
C’est la plume plaisir mêlant larmes et rire
Vous voulez essayer ce géant magicien
Effleurez quelques lignes, et vous voudrez tout lire.


Stendhal inévitable et Mérimée aussi
Seront des compagnons à lire délicieux
Michelet j’en ai lu, l’histoire a ses soucis
On me l’a imposé il me fut fastidieux.


Renan, Taine, Michelet, je n’en eus pas souci,
Mais par mes professeurs j’en reçus des lueurs
Oui c’était bien écrit le style était précis
Mais je n’y trouvais pas l’étonnement du cœur.


Il me manquait un bout de siècle poétique
Et Leconte de Lisle répondit à mes vœux
Car les parnassiens de leur plume magique
À la prose s’en vinrent dirent leur désaveu.


Théodore de Banville ainsi qu’Heredia
Avec Sully Prudhomme ont suivi Baudelaire
La reine poésie au charme immédiat
Rend aux rimes nouvelles la gloire littéraire.


La prose magnifique aux récits attachants
Voit Flaubert et Zola enchanter la lecture
Emma ou l’Assommoir précèdent Maupassant
Qui renforce l’attrait de la littérature.


Effleurons les Goncourt dont on connaît le prix
Et allons à Verlaine et Alphonse Daudet,
Rimbaud du bateau ivre enchante les esprits
Quand Tarascon raconte lions et farfadets


Comment parler ici de Rimbaud de Verlaine
Sans que de Mallarmé on prise les sonnets
Le symbolisme fait de la rime une reine
De Laforgue et Samain on aime les sujets.


Le romantisme amène un théâtre nouveau :
Henry Becque, Maeterlinck aux scènes symboliques ;
Mélisande Pelléas lèveront le rideau
Au son de Debussy qui en fit les musiques.


Enfin du dix neuvième il reste des auteurs :
Car Anatole France a sa rôtisserie
Pierre Loti de l’Islande devint l’un des pêcheurs
France avec ses pingouins fit une féerie.


Et que dire de Proust ? Il naît fin dix neuvième
Mais commence à chercher son fameux temps perdu
Quand se trouve entamé largement le vingtième
Et en dix neuf cent treize un Goncourt lui est dû


Ses phrases souvent longues, ornent la vérité
En un tableau du temps où bien des personnages
D’un théâtre social sont la réalité
Le style est élégant tout au long de ses pages.


Nous en sommes au vingtième alors là, trop c’est trop
Il va falloir trier de Zweig jusqu’à Achard
D’ auteurs de cette époque on a fait des dicos
Recensant les élites, évitant les nullards.


Je prenais l’autobus et aussi le métro
Pour aller me nourrir le cerveau au collège
Et je lisais beaucoup, ça ne coûtait pas trop
Par la bibliothèque une facture s’allège.


Le livre me plaisant je l’achetais parfois
Et des auteurs traînaient souvent en ma sacoche
Si je m’y attachais je les gardais pour moi
J’acquis donc un excès de ces livres de poche.


Je ne vous dirai pas mes livres préférés
Ils sont rimes ou prose, ont tous l’art de me plaire
Leurs auteurs sont connus et souvent adorés
Alors ils nous accrochent , on ne s’y peut soustraire.


Mais je n’ai point d’ouvrage issu des matraquages
Dont la publicité remplace le talent
Je vais au magasin je feuillette des pages
Si cela m’est plaisant je deviens bon chaland.


Et parfois je remplace un vieux trésor ridé
Qui trop relu se plaint d’avoir perdu sa gloire
J’ouvre la nouveauté d’un geste décidé
Et me voila captif à nouveau de l’histoire.


Vous qui aimez les livres ayez de la méfiance
On vend n’importe quoi pour prendre vos euros
La quantité n’est pas signe d’une excellence
Et l’on n’est pas au bout du règne des zéros.
Applaudissements.
J'ai appris beaucoup de ma lecture. C'est sur de noms je les connais presque tous.mais pour les situer dans le temps c'est là que ma lecture fut instructive.
Vous aviez prévenu que le texte était long ; je n'en fut point rebutée car fort plaisante.
Un grand merci Peniculo.
Mes amitiés endimanchées
Gaby
 

Kanth

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10 Avril 2020
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#3
Bonjour et merci pour cette grandiose revue d'effectifs ! Il y a quelque chose de la "Bibliothèque Idéale" de la littérature française (si je ne m'abuse, Chatterton et Zweig sont les seuls étrangers mentionnés, mis à part les Grecs... une autre liste à suivre peut être ?). Ce bel hommage enlevé, qui n'oublie ni Bossuet, ni Michelet parmi les grands auteurs, ne pouvait que me plaire. Puis-je suggérer Saint-Simon (le duc, pas le comte...) ?. Bravo, on en redemande !
 

Peniculo

Maître poète
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#4
Bonjour et merci pour cette grandiose revue d'effectifs ! Il y a quelque chose de la "Bibliothèque Idéale" de la littérature française (si je ne m'abuse, Chatterton et Zweig sont les seuls étrangers mentionnés, mis à part les Grecs... une autre liste à suivre peut être ?). Ce bel hommage enlevé, qui n'oublie ni Bossuet, ni Michelet parmi les grands auteurs, ne pouvait que me plaire. Puis-je suggérer Saint-Simon (le duc, pas le comte...) ?. Bravo, on en redemande !
Merci de m'avoir lu il fallait du courage
j'avais exagéré sur le nombre de pages
mais il fallait bien ça nos trésors littéraires
défient par leur richesse même l'imaginaire.

Remarques explicatives : Tout Zweig est dans la Pléiade donc je lui ai mis un siège dans mes rimounettes.
Le Chatterton dont je parle est la pièce en prose d’Alfred de Vigny.

Quant au grand Saint Simon il eut ses détracteurs
j'évite toute querelle en oubliant l'auteur
Certes il est un peu long détaillant trop parfois
mais bien des historiens lui accordent leur foi .
Et puis si l'on compare ce qu'écrivit Voltaire
sur le siècle de Louis ce fameux roi solaire
à ce qu'en dit le saint-Simon dans ses écrits
on risque des holà,!des pamphlets et des cris.


Bonne journée.
 
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