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Chapitre 2 : Lettre à l’Astre d’argent
« Lune, en notre mémoire,
De tes belles amours
L'histoire
T'embellira toujours »
(Ballade à la lune, Musset)
« Le poète est un homme qui ne se réveille jamais de son rêve »
De tes belles amours
L'histoire
T'embellira toujours »
(Ballade à la lune, Musset)
« Le poète est un homme qui ne se réveille jamais de son rêve »
Cher Astre d’argent, chère mère et amante des poètes, voici ma complainte, et mon élégie, à toi, ô reine enveloppée de ta robe diamantaire…
Je t’inviterai volontiers au voyage du « Bateau Ivre », « en un soir chaud d’automne », accompagné de ton « parfum exotique » ou alors était-ce au songe d’une « nuit de Mai », à partager ma couche « tel un point sur le i »… mais dès lors, je te sanctifie, me confie et me confesse, épouse éphémère mais ô combien immortelle !
Nos pensées les plus intimes ne cessent de se tourner vers toi tout le jour fatigué et tourmenté, puis dès la mort de ce dernier, tu règnes dans les cieux telle la flamme de Prométhée, toi notre Déesse, notre Religion, et notre Confidente !
Je demeure poète ; et en cela amant et valet, ô toi puissante sorcière et envoutante muse…
En proie à la solitude et à sa sœur l’angoisse « despotique et atroce » tu entends mon cri, mes gémissements et mon errance …. Dans mes journées exacerbées de lassitude, car bien qu’omniprésente dans mon cœur, ô lune, que tu me manques ! Jamais, je ne t’oublie, tu englobes mon être et mon esprit ; impératrice et de mes songes et de mes nuits !
Mes prières te sont destinées, à toi, et à toi seule… Et oui ! Des profondeurs, je m’acclame vers toi d’une voix quasi-tremblante, Ô combien un sanglot des nuées ! Tel un pèlerin las et exilé de la vie ! Je t’implore de rester, mais hélas ; la nuit s’achève, l’aube renait, tu fuis les amants de ta Beauté ! Ô Reine de glace, stérile et majestueuse, tu ressusciteras des ténèbres !
Tu guides nos émois, et nos fiels s’anéantissent lorsque nous te contemplons… Belle et conquérante sur l’empire des hommes ! Tu apparais et soudain, depuis l’horloge, le temps perd son emprise, il disparait… « Ô temps suspends ton vol !»
Tu restes, ô satellite en marbre de Paros, impartiale ! « Et jamais tu ne pleures et jamais tu ne ris » Effroyable Statue mystérieuse et énigmatique, belle et immortelle qui « règne dans les cieux tel un sphinx incompris » indifférente à tes fidèles … mais si seulement … mais non… Notre sort reste inchangé…
Tu façonnes, ô grande Inquisitrice : l’Inspiration et pousse à sculpter tes formes par les élèves de ta grandeur, - des disciples de l’Art… -
Bienheureux celui qui te trouve radieuse, pleine et épanouie, tu sublimes nos émois, et, puis quant à nous, nous, les grands flâneurs, nous qui sommes flétris et nos cœurs fanés, et tant orphelins lorsque tu nous quittes… Chaque soirée, durant tes cycles, nous te louons, nous te pleurons, et pratiquons, tous, le somptueux rituel qui s’impose, de nos us et coutumes face à ta pureté !
Nous qui témoignons de notre sombre pâleur, et jamais, ô grand jamais nous ne détournons notre regard envers une autre ! Toi notre compagne, notre femme impérieuse et notre Quête, « d’atteindre à s’en écarteler l’Inaccessible étoile !»
Lune, je t’avais promis une plainte et quant à sa tragédie, elle demeure… là voilà ! Ô dilemme qui nait dedans ma poésie, et de mon état d’enfance retrouvée, puisqu’enfant je reste, onirique matrice… cependant face à tes charmes d’Aphrodite, sortie de la songerie de Mélancholia, depuis l’écume amère et navrante, obscure et absconse, d’où tu bourgeonnas - puisqu’emplie de vie et d’espoirs,- je ne peux qu’exprimer ma louange, pâle Ophélia, petite fleur pour les cieux, le plus grand des anges pour nous… - pauvres artistes et fous que nous restons - et depuis ma plume qui sanglote et « flotte comme un grand lys » sur l’océan noir de mes pensées, embaumées d’étoiles enflammées… depuis mon cœur qui souffre ! Depuis mon cœur qui t’aime !
J. Lou Baccarra
Le 12 Août 2014
Le 12 Août 2014