Hors ligne
Chapitre 1 : Lettre à l'astre d'Or
Cher Astre d’or,
Ô Toi ! Divinité et cher Temple ! Puis, de ton intemporel compagnon, ce zéphyr si mélodieux dans l’âme, ainsi est-il compagnon indolent de voyage, cette aventure fatale, qui, depuis l’aube des temps, nous apparait toujours tel un aussi court séjour…
Toi qui dénotes dans ma Vie – dans laquelle tu as versé maints bienfaits - cette Douceur… Tu flottes dans l’air du temps, puis à chacune de mes si rares extases ; par-delà les cimes de mon Bonheur, et qui, pourtant, cher astre langoureux, reste souvent indifférent au sort des vaniteux mortels !
Entends la prière d’un Athée : « De profundis a te clamavi » puis je m’élève telle une fleur, ou alors Sisyphe mais sans jamais m’élancer et mon désir absolu est de me tourner toujours, et encore, à jamais vers toi…
Toi qui connais et mes maux, et ma langueur, et ma douleur qui, hurlant depuis ce matin ou cette nuit, m’apparaissent à leur paroxysme, quant à mes mots ils me semblent navrants… « Mais vrai, j’ai trop pleuré, les aubes sont navrantes ! » soulignait déjà notre pauvre Arthur !
Dieu a tué mon art et lié ma langue… Paroles d’un fou et d’un hérétique à qui, toute bonté de la Vie (Y-a-t-il ici une antithèse !) lui a été accordé, cela dit, à mon chevet, Faust semper eadem !
Tant et tant d’incantations pour invoquer Méphisto ou le Néant : Errer, le front marqué, tel Caïn mais ici, par les rides de mon Ennui…
Je me tais… Le silence lourd s’impose, et déjà je le trahis …
« Sed satis est jam posse mori » (Mais c’est déjà assez d’être mortel !) [Lucain] Je ne puis affronter davantage la Vie, non pas qu’elle soit amère mais puisque je le suis ! Ecriture de Serpent… Je rampe durant la Nuit où nos corps se tordent trop souvent, oui j’ai tout appris et riche de l’Arbre de la Connaissance je ne me suis jamais senti aussi pauvre et si… nu !
Voici mon domaine, le Néant … à vous qui savez qu’il est « un pays plus nu que la Terre polaire » et quant à l’Imagination elle se nourrit du Néant de l’Homme, je ne puis écrire davantage car me voilà heureux, bel Astre solitaire !
Cependant de tes rais d’or qui illuminent parfois notre visage et notre passage, et de ton Ciel qui jamais ne taris, Ô toi, puissante étoile où naissent tous nos espoirs, attrayante Lumière du Jour et de la Vie : « Que serais-tu sans ceux que tu éclaires ? »
Me voilà ! Lumière et disciple, maître et élève, noble mais toujours au fond ne suis-je qu’un reître !
Heureux dans le miel de ma Vie… cependant la tristesse s’abat sur moi… « Je suis un homme et rien de ce qui est humain ne m’est étranger. » (Terence)
Anéanti d’avoir perdu mon Fiel ! Fils déchu ! Fi de l’Errance ! Existence ! Ô Ciel, Feu, Flamme, toi qui me troubles, me tourmentes… et encore toi qui sans cesse me harcèles durant mon extase et pourtant… Suis-je Fou car désirant revivre ma vie… et telle une attendrissante catin: cette Mélancolie si attachante, si spontanée, et si divertissante pour, ne serait-ce que quelques délirantes contemplations, cette quête du rêveur acharné…
Hélas ! La Tempête s’adoucit, avec une accalmie de de la Mer demeurée intacte ! Feu du craquement des os, de la chair qui se consumait ainsi que mon esprit devenu paisible et enfin disparu le gouffre amer, fi du triste que j’étais ! Dès lors tourné vers l’Art…
Quant à moi puisque le Moi est source d’absolument Tout et fatalement, de très certainement Rien : Ainsi moi…
Ô moi ! Cher Astre d’Or !
Qui n’existais, heureux, que de contempler mon Malheur ! Car à présent, je me réjouis salement de la fleur fanée, car ardente, vit en moi, ma mélancolie… Je m’éteins et plonge dedans l’abîme, tous me retiennent, mais je glisse et telle est mon intention pour tirer du Beau, encore du Beau et à tout jamais, cueillir la Rose depuis le Néant et l’Inconnu…
J. Lou Baccarra
Le 6 Août 2014 (âgé de 26 ans)
Le 6 Août 2014 (âgé de 26 ans)
Dernière édition: