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Fabuleux fabuliste et sensuel conteur !
Mon petit fils me dit je relis La Fontaine.
L’aurais-tu déjà lu dans sa totalité ?
Son génie mon garçon est une immensité
À peine découvert son talent vous enchaîne .
L’aurais-tu déjà lu dans sa totalité ?
Son génie mon garçon est une immensité
À peine découvert son talent vous enchaîne .
Il faut pour l’explorer de nombreuses semaines
Tant l’auteur est fécond dans sa diversité
Et pour mieux s’attacher à ses subtilités
On saute d’un bonheur à la fable prochaine
Tant l’auteur est fécond dans sa diversité
Et pour mieux s’attacher à ses subtilités
On saute d’un bonheur à la fable prochaine
Mais les fables, les contes, ont des entrées superbes
Offrant aux gens de cour des exemples qui pensent
Les animaux choisis montrent leur excellence
Préfaces, dédicaces sont de l’esprit en gerbes
Offrant aux gens de cour des exemples qui pensent
Les animaux choisis montrent leur excellence
Préfaces, dédicaces sont de l’esprit en gerbes
Ne sois pas oublieux des introductions
Qui portent sur le temps une juste critique
J’avais noté jadis des citations magiques
Méritant que l’esprit y porte attention .
Qui portent sur le temps une juste critique
J’avais noté jadis des citations magiques
Méritant que l’esprit y porte attention .
"Je chante les héros dont Ésope est le père"
"Je me sers d’animaux pour instruire les hommes"
"Une imitation n’est pas un esclavage"
" Une ample comédie à cents actes divers
et dont la scène est l’univers"
" Une morale nue apporte de l’ennui
Le conte fait passer le précepte avec lui "
" En ces sortes de feintes il faut instruire et plaire
Et conter pour conter me semble peu d’affaire "
" Ne pouvant l’attaquer avec des bras d’Hercule
Je tâche d’y tourner le vice en ridicule "
et puis voila des textes peut être moins connus
qui sont en ma mémoires peu à peu parvenus
et qui restent gravés malgré les ans qui passent
Mon tableau La Fontaine jamais je ne l’efface !
qui sont en ma mémoires peu à peu parvenus
et qui restent gravés malgré les ans qui passent
Mon tableau La Fontaine jamais je ne l’efface !
L’Enfant et la Maître d’école
Dans ce récit je prétends faire voir
D’un certain sot la remontrance vaine.
Un jeune enfant dans l’eau se laissa choir,
En badinant sur les bords de la Seine.
Le Ciel permit qu’un saule se trouva
Dont le branchage, après Dieu, le sauva.
S’étant pris, dis-je, aux branches de ce saule ;
Par cet endroit passe un Maître d’école.
L’Enfant lui crie : Au secours, je péris.
Le Magister se tournant à ses cris,
D’un ton fort grave à contre-temps s’avise
De le tancer. Ah le petit babouin !
Voyez, dit-il, où l’a mis sa sottise !
Et puis prenez de tels fripons le soin.
Que les parents sont malheureux, qu’il faille
Toujours veiller à semblable canaille !
Qu’ils ont de maux, et que je plains leur sort !
Ayant tout dit, il mit l’enfant à bord.
Je blâme ici plus de gens qu’on ne pense.
Tout babillard, tout censeur, tout pédant,
Se peut connaître au discours que j’avance :
Chacun des trois fait un peuple fort grand ;
Le Créateur en a béni l’engeance.
En toute affaire ils ne font que songer
Aux moyens d’exercer leur langue.
Hé, mon ami, tire-moi de danger :
Tu feras après ta harangue.
Le Loup et le Chien
Un Loup n'avait que les os et la peau ;
Tant les Chiens faisaient bonne garde.
Ce Loup rencontre un Dogue aussi puissant que beau,
Gras, poli , qui s'était fourvoyé par mégarde.
L'attaquer, le mettre en quartiers,
Sire Loup l'eût fait volontiers.
Mais il fallait livrer bataille
Et le Mâtin était de taille
A se défendre hardiment.
Le Loup donc l'aborde humblement,
Entre en propos, et lui fait compliment
Sur son embonpoint, qu'il admire.
Il ne tiendra qu'à vous, beau sire,
D'être aussi gras que moi, lui repartit le Chien.
Quittez les bois, vous ferez bien :
Vos pareils y sont misérables,
Cancres , haires , et pauvres diables,
Dont la condition est de mourir de faim.
Car quoi ? Rien d'assuré, point de franche lippée.
Tout à la pointe de l'épée.
Suivez-moi ; vous aurez un bien meilleur destin.
Le Loup reprit : Que me faudra-t-il faire ?
Presque rien, dit le Chien : donner la chasse aux gens
Portants bâtons, et mendiants ;
Flatter ceux du logis, à son maître complaire ;
Moyennant quoi votre salaire
Sera force reliefs de toutes les façons :
Os de poulets, os de pigeons,
.Sans parler de mainte caresse.
Le loup déjà se forge une félicité
Qui le fait pleurer de tendresse.
Chemin faisant il vit le col du Chien, pelé :
Qu'est-ce là ? lui dit-il. Rien. Quoi ? rien ? Peu de chose.
Mais encor ? Le collier dont je suis attaché
De ce que vous voyez est peut-être la cause.
Attaché ? dit le Loup : vous ne courez donc pas
Où vous voulez ? Pas toujours, mais qu'importe ?
Il importe si bien, que de tous vos repas
Je ne veux en aucune sorte,
Et ne voudrais pas même à ce prix un trésor.
Cela dit, maître Loup s'enfuit, et court encor.
L'Anneau d'Hans Carvel (tiré des contes et nouvelles)
Hans Carvel prit sur ses vieux ans
Femme jeune en toute manière :
Il prit aussi soucis cuisants ;
Car l'un sans l'autre ne va guère.
Babeau (c'était la jeune femelle),
Fille du Bailli Concordat,
Fut du bon poil, ardente et belle,
Et propre à l'amoureux combat.
Carvel, craignant de sa nature
Le cocuage et les railleurs,
Alléguait à la créature
Et la Légende et l’écriture,
Et tous les Livres les meilleurs ;
Blâmait les visites secrètes,
Frondait l'attirail des Coquettes,
Et contre un monde de recettes
Et de moyens de plaire aux yeux,
Invectivait tout de son mieux.
A tous ces discours la Galante
Ne s'arrêtait aucunement,
Et de sermons n'était friande,
A moins qu’ils fussent d'un Amant.
Cela faisait que le bon Sire
Ne savait tantôt plus qu'y dire ;
Eût voulu souvent être mort.
Il eut pourtant dans son martyre
Quelques moments de réconfort :
L'histoire en est très véritable.
Une nuit qu'ayant tenu table,
Et bu force bon vin nouveau,
Carvel ronflait près de Babeau,
Il lui fut avis que le Diable
Lui mettait au doigt un anneau ;
Qu'il lui disait : « Je sais la peine
Qui te tourmente et qui te gêne ;
Carvel, j'ai pitié de ton cas :
Tiens cette bague, et ne la lâches ;
Car, tandis qu'au doigt tu l'auras,
Ce que tu crains point ne seras,
Point ne seras sans que le saches.
- Trop ne puis vous remercier,
Dit Carvel ; la faveur est grande :
Monsieur Satan, Dieu vous le rende !
Grand merci, Monsieur l'Aumônier ! »
Là-dessus achevant son somme,
Et les yeux encore aggravés,
Il se trouva que le Bonhomme
Avait le doigt où vous savez.
Etc.