Hors ligne
La chasseresse
Retiré dans un coin discret
D’un buffet de gare,
J’attends, amant secret
Le cœur battant d’espoir
La venue de la belle
Que convoite mon désir.
Elle n’est pas de celle
Que la beauté inspire.
Lorsqu’enfin elle paraît
Au milieu de la foule,
D’un mouvement stupéfait
Tous les regards se tournent
Sur un je ne sais quoi seyant
Qui attire, attise le plaisir ;
Elle a du chien, elle a du cran
Et assume ses délires ;
Le pied sûr, elle s’avance
Les yeux un peu voilés,
A la quête, dans l’assistance,
D’une table libérée,
S’installe nonchalante,
Sourire aux lèvres ;
D’une main dansante
Commente quelques brèves
Puis de ses belles mirettes
Fouille, cherche sa proie ;
L’épingle comme une grisette
Que l’on prend, que l’on broie.
Joue de la prunelle,
Papillonne des cils,
Et cloue ces ailes
Au pilori d’un jeu subtil.
Alors vient le nouvel amant,
Suffisant, conquérant ;
Il sait qu’il repartira
La belle à son bras.
Et moi, moi dans ma tristesse
Qui s’égare, cœur blessé, torturé,
J’irai noyer ma détresse
A la fontaine des condamnés
Gabrielle. E.
Retiré dans un coin discret
D’un buffet de gare,
J’attends, amant secret
Le cœur battant d’espoir
La venue de la belle
Que convoite mon désir.
Elle n’est pas de celle
Que la beauté inspire.
Lorsqu’enfin elle paraît
Au milieu de la foule,
D’un mouvement stupéfait
Tous les regards se tournent
Sur un je ne sais quoi seyant
Qui attire, attise le plaisir ;
Elle a du chien, elle a du cran
Et assume ses délires ;
Le pied sûr, elle s’avance
Les yeux un peu voilés,
A la quête, dans l’assistance,
D’une table libérée,
S’installe nonchalante,
Sourire aux lèvres ;
D’une main dansante
Commente quelques brèves
Puis de ses belles mirettes
Fouille, cherche sa proie ;
L’épingle comme une grisette
Que l’on prend, que l’on broie.
Joue de la prunelle,
Papillonne des cils,
Et cloue ces ailes
Au pilori d’un jeu subtil.
Alors vient le nouvel amant,
Suffisant, conquérant ;
Il sait qu’il repartira
La belle à son bras.
Et moi, moi dans ma tristesse
Qui s’égare, cœur blessé, torturé,
J’irai noyer ma détresse
A la fontaine des condamnés
Gabrielle. E.