Poème d'amour La fille du jeudi

La fille du jeudi dansait seule sur la piste,
Aucun de nous n’osa une seule fois l’inviter,
Tous ses admirateurs faisaient une longue liste,
Même les grands danseurs, étaient impressionnés.

Elle était magnifique la fille du jeudi,
Dans ses robes moulées, avec grands décolletés.
Aux dires de la rumeur elle s’appelait Ruby,
Mais aucun d’entre nous ne lui a demandé.

Les airs semblaient pour elle, avoir été choisis,
Tant les notes suivaient les lignes de son corps,
Assis sur les banquettes ainsi chaque jeudi,
Nous redoutions l’audace d’entre nous le plus fort.

Puis elle a disparu la fille du jeudi,
Au son du rythme and blues la piste resta bien vide,
Chaque jour de la semaine plus personne ne la vit,
Son mirage est resté comme une ombre solide.

Nombre d’années plus tard devenu un adulte,
J’ai rencontré cette femme, chez des amis, jeudi.
Elle s’appelait Gertrude, et nous conta sa lutte
Quand elle était ado, invétérée timide.

J’osai lui rappeler, les jeudis du dancing
Elle éclata de rire, disant « quels imbéciles!»
Elle n’attendait de nous qu’un seul gars se décide,
La flèche lui aurait mis dans son coeur en plein mille.

Devant mes yeux hagards, mon voisin de la table
A cette belle histoire trouva moralité,
Que Jean de La Fontaine n’avait mise dans ses fables :
« Quand un coup est perdu, il ne s’ rattrape jamais »
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