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La tour de refroidissement de la centrale
Décore d’une vapeur épaisse le ciel,
Grisaillé par une saison où naît un mal :
La condensation perverse de notre fiel.
Elle rassemble, aux pieds de cette construction,
Dans une vaste carrière désaffectée,
Des femmes, des hommes. Ils cherchent la réclusion.
Leur réalité, par la Douleur, infectée,
A cristallisé les barreaux prêts à l’emploi,
Et c’est ici qu’ils peuvent les planter, bien droits.
Ils sont de toutes conditions, sans ou multi-
Domiciles fixes, malins ou abrutis…
Selon les caractères, ils demeurent debout
Dans ce cratère, certains se mettent à genoux,
D’autres s’allongent sur les rudérales fleurs,
Nourrissant la vipérine de leur malheur.
Le temps d’un gémissement, d’un cri ou d’un pleur,
Ils s’y réfugient une minute ou des heures.
Les aphonies se succèdent aux soliloques.
À quelques mètres, la curiosité convoque
Un groupe d’ouvriers ; ils occupent leur pause
À observer ces prisonniers, sans moquerie.
L’avenir, cette belle contrepèterie,
Nous offre la garantie de ses nécroses.
Parfois, une voiture de police vient ;
Cela ne sert à rien : pas besoin de gardiens.
La tour s’illumine à la brune, signal
De départ pour ces bilieux ; vie familiale
Et obligations diverses les font sortir :
Les décombres quittent leur frère minéral.
La vapeur fielleuse s’élève, triomphale.
Elle toise les toits où continuent à languir,
Un à un, nos optimismes. La soupe est prête :
Nouvelle allégeance au-dessus de nos assiettes.
La petite aiguille vous guide vers le lit,
Le portail de vos chimères à l’éclat pâli.
Face à la tour enflammée résonne un rire :
Une soûlaude a étranglé un souvenir.
Décore d’une vapeur épaisse le ciel,
Grisaillé par une saison où naît un mal :
La condensation perverse de notre fiel.
Elle rassemble, aux pieds de cette construction,
Dans une vaste carrière désaffectée,
Des femmes, des hommes. Ils cherchent la réclusion.
Leur réalité, par la Douleur, infectée,
A cristallisé les barreaux prêts à l’emploi,
Et c’est ici qu’ils peuvent les planter, bien droits.
Ils sont de toutes conditions, sans ou multi-
Domiciles fixes, malins ou abrutis…
Selon les caractères, ils demeurent debout
Dans ce cratère, certains se mettent à genoux,
D’autres s’allongent sur les rudérales fleurs,
Nourrissant la vipérine de leur malheur.
Le temps d’un gémissement, d’un cri ou d’un pleur,
Ils s’y réfugient une minute ou des heures.
Les aphonies se succèdent aux soliloques.
À quelques mètres, la curiosité convoque
Un groupe d’ouvriers ; ils occupent leur pause
À observer ces prisonniers, sans moquerie.
L’avenir, cette belle contrepèterie,
Nous offre la garantie de ses nécroses.
Parfois, une voiture de police vient ;
Cela ne sert à rien : pas besoin de gardiens.
La tour s’illumine à la brune, signal
De départ pour ces bilieux ; vie familiale
Et obligations diverses les font sortir :
Les décombres quittent leur frère minéral.
La vapeur fielleuse s’élève, triomphale.
Elle toise les toits où continuent à languir,
Un à un, nos optimismes. La soupe est prête :
Nouvelle allégeance au-dessus de nos assiettes.
La petite aiguille vous guide vers le lit,
Le portail de vos chimères à l’éclat pâli.
Face à la tour enflammée résonne un rire :
Une soûlaude a étranglé un souvenir.