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Cher inconnu,
L’autre. C’est ainsi que l’on t’appelle, non ? L’Autre… On ne se connait pas vraiment mais, je me permets de t’écrire cette missive. Avant toute chose, je dois te demander d’être fort ! Ce que tu liras n’est pas très tendre… Je te demande pardon d’avance.
Pour être honnête avec toi, je souhaiterai t’informer, et dénoncer à la fois. C’est les raisons pour lesquelles je vais commencer par te faire part des accusations que l’on te porte. Depuis la nuit des temps, tout est diablement étrange autour de toi. Les messes basses te concernant sont finement tissées, on te dépeint comme un être différent, saugrenu, probablement toxique, presque maléfique. Je n’y comprends pas grand-chose non plus, rassure-toi… Il me semblait néanmoins nécessaire de t’écrire. Il m’était insupportable de jouer le rôle de témoin face à toutes ces balivernes sans que je ne fasse rien, tandis que toi, tu baignais dans le brouillard le plus absolu... Je ne crois pas un seul mot de ce qu’ils disent de toi car j’ai vu la manière dont ils te traitent. Dans le monde dans lequel nous vivons, ton prénom, est par malheur, synonyme de menace. « Abîme », est marqué au fer rouge sur ton front et les gens ont peur de l’obscurité. Je te sais candide et ivre de bienveillance moi, mais il vaut mieux que tu prennes conscience. Pour ta sécurité… Hier encore, à Paris, la milice contemporaine a sévit, frappé, humilié des réfugiés pendant leur sommeil glacial. Ils sont une forme d’altérité à leurs yeux tu sais, comme toi, et cela leur suffit pour faire régner la terreur. Alors prends garde s’il te plait. J’ai lu un livre dans lequel l’Autre, (oui il portait le même prénom que toi) était un être extravagant. Je me souviens l’avoir trouvé très amusant et pourtant, le village, un groupe homogène, haineux, voire même psychotique a décidé sa mort, accusant son atypisme d’embûche et de danger. En réalité, ils l’ont tué pour la simple et bonne raison qu’il était, l’Autre. J’ai lu cette histoire relativement jeune, autant te dire que le décor sur l’inconnu était posé… Mais je vais te confier un secret. Les autres comme toi m’ont toujours attiré, « ne parle pas aux inconnus ! » me disait-on, et pourtant, mes plus belles rencontres furent celle d’inconnus. Elles étaient certes fortuites et fugaces, mais elles resteront à jamais en ma mémoire. Parce que les Autres vident leur cœur, qu’ils soient doux ou austères, ils le vident. Ils ne sont pas dangereux. Et puis, j’ai constaté, il y a très peu de temps, que la plus grande menace se trouvait tout près de moi. C’est celle qui me câline, qui m’embrasse, qui croit me ressembler… Mais j’ai pris conscience, et ils le savent, donc dans une certaine mesure, je suis l’Autre moi aussi. Tu vois, on ne se connait pas mais on se ressemble. Oh pardon je te tutoie ! J’espère que tu ne m’en veux pas. C’est que… je ne vouvoie que les êtres lointains. Et toi... je te sens en moi, au ras même de mon existence, alors laisse-moi te tutoyer je t’en prie. Et puis, si je me base sur leurs dires, tu n’es pas si différent d’eux. Ils sont simplement le reflet de ce qu’ils croient voir en toi. Laisse-moi te tutoyer. Je crois en l’adage qui dit que le bonheur réside dans l’inconnu. Je veux qu’on soit amis. Laisse-moi te tutoyer.
L’autre. C’est ainsi que l’on t’appelle, non ? L’Autre… On ne se connait pas vraiment mais, je me permets de t’écrire cette missive. Avant toute chose, je dois te demander d’être fort ! Ce que tu liras n’est pas très tendre… Je te demande pardon d’avance.
Pour être honnête avec toi, je souhaiterai t’informer, et dénoncer à la fois. C’est les raisons pour lesquelles je vais commencer par te faire part des accusations que l’on te porte. Depuis la nuit des temps, tout est diablement étrange autour de toi. Les messes basses te concernant sont finement tissées, on te dépeint comme un être différent, saugrenu, probablement toxique, presque maléfique. Je n’y comprends pas grand-chose non plus, rassure-toi… Il me semblait néanmoins nécessaire de t’écrire. Il m’était insupportable de jouer le rôle de témoin face à toutes ces balivernes sans que je ne fasse rien, tandis que toi, tu baignais dans le brouillard le plus absolu... Je ne crois pas un seul mot de ce qu’ils disent de toi car j’ai vu la manière dont ils te traitent. Dans le monde dans lequel nous vivons, ton prénom, est par malheur, synonyme de menace. « Abîme », est marqué au fer rouge sur ton front et les gens ont peur de l’obscurité. Je te sais candide et ivre de bienveillance moi, mais il vaut mieux que tu prennes conscience. Pour ta sécurité… Hier encore, à Paris, la milice contemporaine a sévit, frappé, humilié des réfugiés pendant leur sommeil glacial. Ils sont une forme d’altérité à leurs yeux tu sais, comme toi, et cela leur suffit pour faire régner la terreur. Alors prends garde s’il te plait. J’ai lu un livre dans lequel l’Autre, (oui il portait le même prénom que toi) était un être extravagant. Je me souviens l’avoir trouvé très amusant et pourtant, le village, un groupe homogène, haineux, voire même psychotique a décidé sa mort, accusant son atypisme d’embûche et de danger. En réalité, ils l’ont tué pour la simple et bonne raison qu’il était, l’Autre. J’ai lu cette histoire relativement jeune, autant te dire que le décor sur l’inconnu était posé… Mais je vais te confier un secret. Les autres comme toi m’ont toujours attiré, « ne parle pas aux inconnus ! » me disait-on, et pourtant, mes plus belles rencontres furent celle d’inconnus. Elles étaient certes fortuites et fugaces, mais elles resteront à jamais en ma mémoire. Parce que les Autres vident leur cœur, qu’ils soient doux ou austères, ils le vident. Ils ne sont pas dangereux. Et puis, j’ai constaté, il y a très peu de temps, que la plus grande menace se trouvait tout près de moi. C’est celle qui me câline, qui m’embrasse, qui croit me ressembler… Mais j’ai pris conscience, et ils le savent, donc dans une certaine mesure, je suis l’Autre moi aussi. Tu vois, on ne se connait pas mais on se ressemble. Oh pardon je te tutoie ! J’espère que tu ne m’en veux pas. C’est que… je ne vouvoie que les êtres lointains. Et toi... je te sens en moi, au ras même de mon existence, alors laisse-moi te tutoyer je t’en prie. Et puis, si je me base sur leurs dires, tu n’es pas si différent d’eux. Ils sont simplement le reflet de ce qu’ils croient voir en toi. Laisse-moi te tutoyer. Je crois en l’adage qui dit que le bonheur réside dans l’inconnu. Je veux qu’on soit amis. Laisse-moi te tutoyer.
Dans une autre galaxie à -00H00
Ton Autre.