Hors ligne
L’espoir des saisons
J e me souviens jadis j’étais terre fertile, où vous dansiez gaiement. Vous offrant sans compter : mes monts et mes merveilles, l’homme me rendait bien mes faveurs en sourires.
Pour lui j’ai inventé : les abeilles, le miel pour un peu de douceur.
Le soleil et la pluie pour que les fleurs éclosent au cœur d’un grand pré vert à deux pas de la mer.
A l’abri d’un vieux pin, je regarde la belle ondulant sous le vent. Ses dentelles d’écume se brisent aux rochers. Les embruns distribuent leurs diamants aux goélands friands de mille perles fines. Là bas, l’horizon flou s’embrase sous mes yeux, il est amoureux fou de la ligne d’argent. Enfin l’onde s’endort, nonchalante s’étire, sous l’aile des oiseaux et se perd au néant.
J’ai peint quatre saisons pour servir ses fantasmes, qui viennent à point nommé au rythme de sa vie.
Quand l’Hiver chante au cœur de l’âtre brun, l’homme frileux est tourmenté. Puis, comme un bonheur inattendu, le Printemps revient pour honorer la rose. Il l’agrippe au revers de sa veste de toile, et couronne sa tête des fleurs de l’églantier.
Au ciel d’été, il va chantant, telle une cigale effrontée. Son verbe coloré monte toujours plus haut, s’affaiblit lentement au lit de feuilles tendres du tilleul odorant.
Aux tourbillons d’Automne, le vent venu du nord, s’affronte au Mistral qui règne sur ses terres. Soufflant à qui mieux, mieux, décoiffe femmes et toits en grands accusateurs.
Témoin de tant de haine, d’un geste généreux, j’ai offert aux filous des notes de musique qui s’égrainent au matin, le dilemme oublié.
Provocant l’Univers l’homme a voulu jouer, mais, si mal à ses dépens.
Ayant épuisé toutes mes ressources, j’use alors de mes dernières forces, celles que l’on dit spirituelles. Espérant qu’elles m’apporteront secours et m’aideront à franchir l’autre rive.
Après avoir offert mon soutient aux hommes, sans hélas grande satisfaction, j’aimerais que l’on me conduise sur le chemin où aboutira mon voyage, là, juste à l’envers du miroir. Et, comme « les fils de l’espoir s’usent sur le rasoir du temps » la confiance en mon cœur vaincu cédera au trépas, je deviendrais alors qu’une terre infertile.
Janine Ravel. « Travail pour l’atelier d’écriture ». 2019.
J e me souviens jadis j’étais terre fertile, où vous dansiez gaiement. Vous offrant sans compter : mes monts et mes merveilles, l’homme me rendait bien mes faveurs en sourires.
Pour lui j’ai inventé : les abeilles, le miel pour un peu de douceur.
Le soleil et la pluie pour que les fleurs éclosent au cœur d’un grand pré vert à deux pas de la mer.
A l’abri d’un vieux pin, je regarde la belle ondulant sous le vent. Ses dentelles d’écume se brisent aux rochers. Les embruns distribuent leurs diamants aux goélands friands de mille perles fines. Là bas, l’horizon flou s’embrase sous mes yeux, il est amoureux fou de la ligne d’argent. Enfin l’onde s’endort, nonchalante s’étire, sous l’aile des oiseaux et se perd au néant.
J’ai peint quatre saisons pour servir ses fantasmes, qui viennent à point nommé au rythme de sa vie.
Quand l’Hiver chante au cœur de l’âtre brun, l’homme frileux est tourmenté. Puis, comme un bonheur inattendu, le Printemps revient pour honorer la rose. Il l’agrippe au revers de sa veste de toile, et couronne sa tête des fleurs de l’églantier.
Au ciel d’été, il va chantant, telle une cigale effrontée. Son verbe coloré monte toujours plus haut, s’affaiblit lentement au lit de feuilles tendres du tilleul odorant.
Aux tourbillons d’Automne, le vent venu du nord, s’affronte au Mistral qui règne sur ses terres. Soufflant à qui mieux, mieux, décoiffe femmes et toits en grands accusateurs.
Témoin de tant de haine, d’un geste généreux, j’ai offert aux filous des notes de musique qui s’égrainent au matin, le dilemme oublié.
Provocant l’Univers l’homme a voulu jouer, mais, si mal à ses dépens.
Ayant épuisé toutes mes ressources, j’use alors de mes dernières forces, celles que l’on dit spirituelles. Espérant qu’elles m’apporteront secours et m’aideront à franchir l’autre rive.
Après avoir offert mon soutient aux hommes, sans hélas grande satisfaction, j’aimerais que l’on me conduise sur le chemin où aboutira mon voyage, là, juste à l’envers du miroir. Et, comme « les fils de l’espoir s’usent sur le rasoir du temps » la confiance en mon cœur vaincu cédera au trépas, je deviendrais alors qu’une terre infertile.
Janine Ravel. « Travail pour l’atelier d’écriture ». 2019.