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EN PARLANT UN PEU DU SONNET
Fait d’abondants emprunts ce texte est un panier
De champignons cueillis sans immense mérite ;
Patience suffit à me faire ouvrier
D’un petit assemblage aux diverses pépites
De champignons cueillis sans immense mérite ;
Patience suffit à me faire ouvrier
D’un petit assemblage aux diverses pépites
Rien n’est de moi dans tout l’écrit
Mais j’ai œuvré pour réunir
Des exemples qui soient précis
Et qui puissent parfois servir.
Mais j’ai œuvré pour réunir
Des exemples qui soient précis
Et qui puissent parfois servir.
Et regroupant maintes idées
En boîte j’ai mis un conseil
Les bases sont donc rédigées
C’est un début, c’est un éveil !
En boîte j’ai mis un conseil
Les bases sont donc rédigées
C’est un début, c’est un éveil !
PLAN
Introduction
Forme Marotique
1. Quatrains à rimes embrassées
2. Quatrains à rimes croisées
Forme Française
1 - Formule globale :
2 - Remarques
3 - Exemple 1
4 - Exemple 2
Sonnet Irrégulier
1 – Correspondances Ch. Baudelaire
2 –Madrigal F. de Malherbe1
3 - A un fondateur de ville J-M de Heredia.
4 - Le châtiment de Tartufe A. Rimbaud
Autre sonnet irrégulier
Angoisse S. Mallarmé
Autres types de sonnets irréguliers
01 – Le sonnet hétérométrique
02 - Le sonnet layé
03 - Le sonnet à rebours
04 -Le sonnet polaire
05 - Le sonnet alterné
06 - Le sonnet quinzain
07 - Le sonnet seizain
08 - Le sonnet estrambot
09 - Le sonnet à refrain
10 - Le sonnet double
11 - Le sonnet à Codas
12 - Le sonnet rapporté
13 - La couronne de sonnets
14 -Le faux sonnet
15- Le sonnet élisabéthain,
Régulier / Irrégulier
Exemples dont on peut tirer des règles
1 - Jean Ogier de GOMBAULD
2 - François MAYNARD
3- Claude MALLEVILLE
En guise de conclusion très provisoire…
INTRODUCTION
DÉFINITIONS ET REMARQUES GÉNÉRALES
Au XVIe siècle, l’école lyonnaise : Mellin de Saint-Gelais et Clément Marot introduisent le sonnet (italien : sonnetto) en France, en l’empruntant à Pétrarque. Dès 1548, il est mentionné dans l’art poétique français de Thomas Sébillet, où il est rapproché de cette autre forme courte qu’est l’épigramme.
La disposition des rimes de Pétrarque (deux quatrains en ABBA-ABBA fixes ; puis, souvent, deux tercets CDE-CDE ou CDC-CDC) a été modifiée par Clément Marot (1497-1544) en ABBA-ABBA-CCD-EED puis par Joachim Du Bellay (1522-1560) dans l’Olive en ABBA-ABBA-CCD-EDE.
Le premier schéma est dit « sonnet italien » ou « sonnet marotique », le deuxième « sonnet français ».
Le sonnet en tant que poème à forme fixe, se compose de quatorze vers de mètre identique(en général alexandrins, très souvent décasyllabes, parfois octosyllabes, mais tous les mètres peuvent être utilisés.)
Le poète répartit son sonnet en deux quatrains (2 strophes de 4 vers) et un sizain (6 vers) en 2 tercets > 4+4+3+3.
Les rimes des deux quatrains sont identiques, en général, embrassées
(ABBA)//(ABBA) ; parfois croisées (ABAB)//(ABAB)
Le contenu des deux quatrains doit être relayé par un autre contenu dans les six derniers vers. Et le dernier vers du sonnet doit proposer une pointe ou une chute qui résume l’impression d’ensemble, met en valeur un détail formant contraste, crée un effet de surprise…
La forme du sonnet est déterminée par celle du sizain. Elle est dite
Marotique = CCD+EED > Clément Marot né à Cahors 1496-mort à Turin 1544.
Française = CCD+EDE.
Les deux strophes traditionnelles, formes fondamentales du sonnet, sont donc :
Forme Marotique = ABBA/ABBA // CCD/EED
Forme Française = ABBA/ABBA //CCD/EDE
Comme on peut composer des quatrains à rimes croisées ; on a les deux schémas suivants : Forme Marotique > ABAB/ABAB// CCD/EED
Forme Française > ABAB/ABAB// CCD/EDE
Au passage du second quatrain au premier tercet, la règle de l’alternance des rimes est à observer. (Le premier vers du premier tercet doit finir par une rime du genre différent de celui de la rime à la fin du quatrième vers du second quatrain) Il en est de même pour les deux tercets.
Ces deux genres sont dits réguliers, les sonnets selon d’autres -schémas sont dits irréguliers.
FORME MAROTIQUE
Exemple 1 (les 2 quatrains à rimes embrassées) :
Assis sur un fagot, une pipe à la main(ou le fumeur)
Marc Antoine Girard de Saint amant (1594-1661)
Assis sur un fagot, une pipe à la main,
Tristement accoudé contre une cheminée,
Les yeux fixés vers terre, et l'âme mutinée,
Je songe aux cruautés de mon sort inhumain.
L'espoir qui me remet du jour au lendemain,
Essaye à gagner temps sur ma peine obstinée,
Et me venant promettre une autre destinée,
Me fait monter plus haut qu'un Empereur Romain.
Mais à peine cette herbe est-elle mise en cendre,
Qu'en mon premier estat il me convient descendre,
Et passer mes ennuis à redire souvent :
Non, je ne trouve point beaucoup de différence
De prendre du tabac à vivre d'espérance,
Car l'un n'est que fumée, et l'autre n'est que vent.
Tristement accoudé contre une cheminée,
Les yeux fixés vers terre, et l'âme mutinée,
Je songe aux cruautés de mon sort inhumain.
L'espoir qui me remet du jour au lendemain,
Essaye à gagner temps sur ma peine obstinée,
Et me venant promettre une autre destinée,
Me fait monter plus haut qu'un Empereur Romain.
Mais à peine cette herbe est-elle mise en cendre,
Qu'en mon premier estat il me convient descendre,
Et passer mes ennuis à redire souvent :
Non, je ne trouve point beaucoup de différence
De prendre du tabac à vivre d'espérance,
Car l'un n'est que fumée, et l'autre n'est que vent.
Exemple 2 (les 2 quatrains à rimes croisées) :
Hédéra
Henri de Latouche (1785-1851)
Anna, soyez l’arbuste aux vivantes racines
Qui sur un débris mort jette un printemps nouveau
Venez parer mon deuil et verdir mes ruines
Le lierre aime un vieux chêne, un désert un tombeau.
Anna, soyez l’arbuste aux vivantes racines
Qui sur un débris mort jette un printemps nouveau
Venez parer mon deuil et verdir mes ruines
Le lierre aime un vieux chêne, un désert un tombeau.
Frais comme vous, le lierre à travers les épines
Glisse, et conquiert lui seul un antique château
Où, confondus là-bas aux mousses enfantines
Il invite à s’asseoir deux amis du coteau
Glisse, et conquiert lui seul un antique château
Où, confondus là-bas aux mousses enfantines
Il invite à s’asseoir deux amis du coteau
Venez j’abriterai contre les vents les grêles
Vos jours, et le trésor de vos boutons si frêles
Pour de jeunes amours qu’ils fleurissent demain.
Vos jours, et le trésor de vos boutons si frêles
Pour de jeunes amours qu’ils fleurissent demain.
viens t’appuyer sur moi dans ta conscience altière
Quand tu devrais briser comme fait l’autre lierre
Pour t’en former un sol, le dur ciment romain.
Quand tu devrais briser comme fait l’autre lierre
Pour t’en former un sol, le dur ciment romain.
FORME FRANÇAISE
A> Quatrains à rimes embrassées : ABBA/ABBA/CCD/EDE
B> Quatrains à rimes croisées : ABAB/ABAB/CCD/EDE
Les 2 quatrains sont identiques= écrits sur 2 rimes A et B , l’unema = sculibe , l’autre féminine
La forme des deux tercets : 2 rimes plates, 4 rimes croisées. =CCD/EDE
Exemple 1 > A
Salut Stéphane Mallarmé (1842-1898)
Rien, cette écume, vierge vers
A ne désigner que la coupe;
Telle loin se noie une troupe
De sirènes mainte à l’envers.
A ne désigner que la coupe;
Telle loin se noie une troupe
De sirènes mainte à l’envers.
Nous naviguons, ô mes divers
Amis, moi déjà sur la poupe
Vous l’avant fastueux qui coupe
Le flot de foudres et d’hivers;
Amis, moi déjà sur la poupe
Vous l’avant fastueux qui coupe
Le flot de foudres et d’hivers;
Une ivresse belle m’engage
Sans craindre même son tangage
De porter debout ce salut
Solitude, récif, étoile
A n’importe ce qui valut
Le blanc souci de notre toile.
Sans craindre même son tangage
De porter debout ce salut
Solitude, récif, étoile
A n’importe ce qui valut
Le blanc souci de notre toile.
Exemple 2 > B
Jolies femmes Victor Hugo (1802-1885)
On leur fait des sonnets, passables quelquefois ;
On baise cette main qu'elles daignent vous tendre ;
On les suit à l'église, on les admire au bois ;
On redevient Damis, on redevient Clitandre ;
Le bal est leur triomphe, et l'on brigue leur choix ;
On danse, on rit, on cause, et vous pouvez entendre,
Tout en valsant, parmi les luths et les hautbois,
Ces belles gazouiller de leur voix la plus tendre :
- La force est tout ; la guerre est sainte ; l'échafaud
Est bon ; il ne faut pas trop de lumière ; il faut
Bâtir plus de prisons et bâtir moins d'écoles ;
Si Paris bouge, il faut des canons plein les forts. -
Et ces colombes-là vous disent des paroles
A faire remuer d'horreur les os des morts.
SONNET IRREGULIEROn baise cette main qu'elles daignent vous tendre ;
On les suit à l'église, on les admire au bois ;
On redevient Damis, on redevient Clitandre ;
Le bal est leur triomphe, et l'on brigue leur choix ;
On danse, on rit, on cause, et vous pouvez entendre,
Tout en valsant, parmi les luths et les hautbois,
Ces belles gazouiller de leur voix la plus tendre :
- La force est tout ; la guerre est sainte ; l'échafaud
Est bon ; il ne faut pas trop de lumière ; il faut
Bâtir plus de prisons et bâtir moins d'écoles ;
Si Paris bouge, il faut des canons plein les forts. -
Et ces colombes-là vous disent des paroles
A faire remuer d'horreur les os des morts.
Le petit traité de versification mentionne :
On parlera de sonnets irréguliers lorsque le poète modifie les quatrains, les tercets le nombre de rimes. Nous aurons donc à travers les siècles des sonnets irréguliers où seule la disposition typographique désigne encore à l’œil un sonnet.
On peut déduire que :
a) Le poète modifie les quatrains > au lieu de deux quatrains identiques (2 rimes seulement) en ABBA ; il change de rimes au second quatrain pour composer en ABBA puis CDDC : 4 rimes embrassées (ou croisées : ABAB//CDCD).
Remarque : ceux qui n’admettent pas les rimes croisées dans les deux quatrains, comptent la formule ABAB comme une modification (de la formule de base ) donnant un sonnet irrégulier.
b) Le poète modifie les tercets, deux possibilités :
1 - sizain sur deux rimes au lieu de trois CCDCCD, l’une des deux rimes se répétant quatre fois.
2- sizain à rebours sur trois rimes (quatre embrassées ou croisées + deux plates) CDDCEE ou CDCDEE.
c) le poète modifie le nombre des rimes
un sonnet régulier compte cinq rimes (AB) pour les quatrains , (CDE) pour les tercets.
Tout autre nombre serait une modification et donnerait un sonnet irrégulier.
d) La disposition typographique (4+4+3+3) peut changer de diverse façons, voir ci-dessous..
EXEMPLES
1- Correspondances Charles Baudelaire (1821-1867)
La Nature est un temple où de vivants piliers
Laissent parfois sortir de confuses paroles ;
L'homme y passe à travers des forêts de symboles
Qui l'observent avec des regards familiers.
Comme de longs échos qui de loin se confondent
Dans une ténébreuse et profonde unité,
Vaste comme la nuit et comme la clarté,
Les parfums, les couleurs et les sons se répondent.
Il est des parfums frais comme des chairs d'enfants,
Doux comme les hautbois, verts comme les prairies,
- Et d'autres, corrompus, riches et triomphants,
Ayant l'expansion des choses infinies,
Comme l'ambre, le musc, le benjoin et l'encens,
Qui chantent les transports de l'esprit et des sens.
Laissent parfois sortir de confuses paroles ;
L'homme y passe à travers des forêts de symboles
Qui l'observent avec des regards familiers.
Comme de longs échos qui de loin se confondent
Dans une ténébreuse et profonde unité,
Vaste comme la nuit et comme la clarté,
Les parfums, les couleurs et les sons se répondent.
Il est des parfums frais comme des chairs d'enfants,
Doux comme les hautbois, verts comme les prairies,
- Et d'autres, corrompus, riches et triomphants,
Ayant l'expansion des choses infinies,
Comme l'ambre, le musc, le benjoin et l'encens,
Qui chantent les transports de l'esprit et des sens.
Quatre rimes au lieu de deux aux quatrains :
Les 2 tercets forment un sizain à rebours (avec4 rimes croisées et 2 plates) > EFE/FGG
1/5 à suivre