• Forum de Poésie. Postez vos poèmes, vos commentaires...
    Bienvenue à tous les poètes ! Forum de poésie, où tout le monde peut poster ses poèmes, mettre son avis sur les poèmes des autres et participer aux discussions !

Poème Renaissance espagnole

Peniculo

Maître poète
Inscrit
19 Octobre 2018
Messages
3,088
J'aime
5,654
Points
173
Age
85
Localité
Orléans
Je suis
Un homme
Hors ligne
#1
Renaissance espagnole
(D’après un vieux récit espagnol en prose)

En Espagne, à la cour, il y a fort longtemps
Un seigneur fortuné voulut une sculpture
D’un artiste nouveau doté par la nature,
Pour les arts plateresques, d’un immense talent.
Il lui dit je voudrais deux femmes en argent
L’une ayant la beauté de ma douce maîtresse
L’autre n’étant que fadeur unie à la tristesse
Ma femme en sera donc un modèle excellent.

Le goujat payait bien, l’artiste obéissant
Sculpta de la première la réelle beauté
En présence de l’amant; le métal façonné
Fit de sa nudité un objet élégant.
Laissant sa femme seule avec les mains de l’art
Il dit voici la laide œuvrez de votre mieux
Donnez lui du relief elle n’a que de beaux yeux
Je ne m’en soucie pas mon cœur est autre part.

L’artiste timidement déshabilla la dame
Et découvrit ravi de Vénus la beauté
Perfection du corps dans la féminité
Toutes séductions en une seule gamme.
On vous avait dit laide excusez mon émoi
Votre mari sans doute a oublié ce corps
Car s’il le connaissait vous seriez son trésor
Et sa pâle maîtresse le laisserait tout froid.

Monsieur, mon cher mari ne voulait que mon or
Sa carne putassière employait ses ébats
Il voulut la garder moi je n’en voulais pas
Je me refusais donc à souffrir ses efforts.
J’aime voir dans vos yeux ma beauté qui s’anime
Le burin m’épousant le corps comme il me sied
Vous m’embrassez les mains vous me baisez les pieds
Trouvez à mi chemin position sublime.

(1) Soyez, sage, secret, seul, selon le proverbe
Je serai sans laideur, sans maigreur, ni froideur, (2)
Je pense follement aux jeux et au bonheur
D’amours improvisées conjuguant tous les verbes.
De la belle, amoureux, l’artiste insatiable
Laissa battre son cœur aux rythmes du désir
Chaque détail sculpté poussait à assouvir
Un feu qu’alimentait l’envie inexorable.

La dame s’appliquant aux joies anatomiques
Rendit à son amant ses divines caresses
Du cœur la passion, déesse des maîtresses,
Sut proposer son corps aux plaisirs érotiques
La statue s’achevant, car il fallait finir,
On vit que sa beauté sensuelle et vivante
Surpassait la maîtresse assez insuffisante
Qui aux charmes de l’autre espérait concourir.

On n’éteignit jamais les envies corporelles
De la beauté modèle et de son sculpteur fou
Car en divers travaux on la voyait partout
Madone à la prière ou apogée charnelle
L’époque a retenu, qu’un seigneur sans malice
N’avait pas su aimer sa divine compagne
Qu’il était devenu roi des cocus d’Espagne
Et que l’art plateresque en eut grand bénéfice.



(1) Un jeune homme de Tolède rencontrait régulièrement une dame mûre mais d’une grande beauté et lui disait «Bezo las maños y los pies, Señora»: madame, je vous baise les mains et les pieds, ce qui à l’époque était une sorte de demande de ses faveurs. Ne le voyant pas se décider à aller plus loin la dame lui répondit un jour «Señor, en el medio est la mejore estación»: monsieur c’est au milieu que se trouve la meilleure place.

(2) Selon une histoire circulant à la cour d’Espagne, une grande dame amoureuse d’un beau seigneur lui fit savoir qu’elle lui céderait volontiers s’il venait avec les trois S: Sabio, solo, segreto [sage (dans le sens savant), seul et secret]. Il répondit, par un billet doux, qu’il en serait enchanté si elle pouvait lui garantir qu’elle n’aurait pas les trois F: Fea, flaca, fria . Qu’elle ne fût ni laide, ni maigre, ni froide.



 

Membres en ligne

Anniversaires du jour

Haut