Poème Shonk and Giss (Chanson pour ceux qui savent en faire)

Shonk bosse au bureau des balles perdues
Giss joue le destin dans un film qui vient de commencer
à un moment du scénario ils doivent s'embrasser
une douille sans but roulant sur leur peau nue,

Shonk déguisé en fantôme devient une serrure
Giss à des millions de clés et ne sait pas laquelle
ouvre le coffre qui lui tient lieu de séquelle
dans une des plaies qu'elle lui destine par usure,

Shonk pleure sans connaître le sens du mot chagrin
Giss éclate de rire en connaissance de cause
un des deux seulement est le porteur d'une rose
mais les deux ont des épines plein les mains,

Shonk laisse le joint glisser de ses lèvres coniques
le mégot roule sur la table de nuit blanche
elle le supplante au même lieu de ses hanches
au creux duquel il tisse une toile de salive excentrique,

Shonk téléphone à l'horloge parlante à minuit
son pouls compose un nœud coulant avec sa carotide
Giss est perdue car elle est l'autre moitié du vide
seule au bout du fil qui la remonte jusqu'à lui

Shonk a la tête posée dans une boite de jouet
et tout son corps est déchiré comme du papier cadeau
Giss a elle aussi des petits morceaux en lambeaux
dont la somme est aussi ce que la mort lui soustrait

Shonk est sur le dos de la colline avec la lune
elle lui tient lieu de compagnie et l'éclaire
Giss est un fruit de voyou dont il a voulu la chair
mais la nuit tout autour est une sentence brune