Poème Year zero

Year zero


"A bas les moineaux" (Benjamin Péret)


Dans la maison des lents délabrements
une main a par inadvertance glissé les lézards dans l'ascenseur

Du rez-de-chaussée chauffé ils semblent minuscules
Mâchant bêtes leur chewing-gum

C'est le premier étage

Les lézards sont des girafons qui boitent sur leurs béquilles
et lancent des pélicans dans la chambre de Charles

Brûlent les rideaux de tulle
que déjà les rhinocéros assassins piétinent incongrûment les assiettes en stuc

L'ascenseur parvient au deuxième étage cent kilomètres plus bas parce que les mammifères fougueux ont bu du lait du poule ils sont puces et conséquemment tante Hélène se gratte

se gratte
se gratte
se gratte

Adieux ascenseurs pélicans et poules
rideaux de rhinocéros
chewing-gum collant aux assiettes en stuc

Tout se délite dans la maison des lents délabrements