Hors ligne
L'Aube, pour me réveiller, n'ose plus se révéler à mes yeux, paré des promesses de l'inattendus,de cœurs à posséder, de corps à conquérir, l'Aube ne s'essaie plus aux miroitants mensonges,
ne s'engage même plus à m'offrir le cinquième, le centième de ce que tu étais pour moi, l'Aube
tant de fois refusée, entre désormais chez moi soumise, et avide pénètre mon sanctuaire pour s'y nourrir de tes Légendes.
Et le Soleil se prosterne chaque matin avec moi, tous deux servants du sacré devant le rayonnement de ton souvenir, et les plus prosaïques habitudes de notre quotidien revêtent maintenant de fastueux habits de rituels, révèrent tes féminines manies par la sainte répétition de tes gestes… Merveilleux quotidien, chaque matin ton souvenir se lève et déjeune avec moi.
S'éveille ma gracieuse, mon évanescente endormie, s'éveille ma persistance du cœur… et je suis son apparition comme je suivrais sa sainte Loi, élance mon corps au nouveau jour à la lente poursuite de son rêve. Et chaque matin, merveilleux quotidien, je vois son idéal renaître entre les lignes qu'elle a déjà lues, m'épanouit à la source de ces écritures éternelles dont elle a fait de moi le gardien, l'exégète qui admire, ressent, apprend à comprendre les secrets messages qui un jour l'émurent comme ils m'entourent aujourd'hui.
Je la vois renaître et sa noblesse est ma compagne, mon calme, ma silencieuse reine astrale nimbée d'un or intime. Sa familière présence et la familière odeur du café, le goût du miel, blond comme un baiser porté à ses cheveux. Ses émouvantes paupières closes, concentrée sur son plaisir. Jouissance cérémonieuse. Vestale minutieuse du plaisir de manger. Frisson du sucre dans son corps, joie simple du soleil, gouttes du soleil alimentant ses désirs de vie ! Joie de voir renaître sa chaleur, ses couleurs… joie de sa jeunesse à mes côtés, joie de partager ce même repas, chaque matin avec elle, et son immortel été féconde ma terre de tous ses espoirs.
Curieuses et douces, l'élégance de ses mains précautionneuses caressant les pages d'un vieux livre fragile, La finesse de ses doigts, l'un en particulier, qu'avisé d'une inspiration parallèle j'ai cerclé du double de mon or, ce même anneau que je porte pour qu'ils nous rappellent l'un à l'autre… Cet anneau chaque jour te rappelle à moi, mon alliée, me rappelle la nourriture céleste qu'apportais chaque matin ta présence, radieuse présence sans échange de mots, apaisés de connaître et de se savoir connus de l'autre.
Philosophique révolution ! Tes pierres inattendues à l'édifice de patience, de tolérance, de simplicité qu'est le bonheur en amour… Que soient maudites mes hérésies du toujours plus! Qu'elles me quittent ! J'ai trop sacrifié de bonheurs à cette chimère du poète condamné à souffrir seul… Merveilleux quotidien, je m'agenouille devant toi et repentant embrasse ton sceau…
Tu lâche ton livre, surprise, ta main capturée par la mienne. Tu me souris, enchanteresse, souris à ton touchant psychotique, à ce désorienté, à ce silencieux aimant par les yeux, et cet heureux sans le dire ferait naître sur tes lèvres, chaque matin ton premier sourire, s'il le pouvait... Tu me souris, amusée, habituée aux cheminements souterrains de mes élans, tu me souris et me pose ces mêmes questions que doivent poser les anges, me demande bienveillante, si j'ai bien dormi, si j'ai bien rêvé... J’avance me blottir contre toi. Ta main voudrait rassurer ma tête brûlante. Ton fantôme qui disparaît au moment même où je l’atteins. Merveilleux quotidien, tu me manques tellement…
2015 (protégé par droits d'auteur)
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