Vous n'avez rien a répondre, ami. Ce pouding de mot dénué de sens me fait songer a cet apophtegme d’Horace : "beaucoup de feuilles et peu de fruits"... bonne soirée.
« Un Pensum adolescent » ! Excellent ! J’adore l’expression, merci. Je m’en saisi immédiatement en tant que concept pour l’intégrer au jargon de mon faiseur d’ordre en Mémoires transversales.
C’est exactement ça, le Feu de la jeunesse au service d’un Idéal à défendre comme un devoir, le charme de la dispersion d’un esprit qui voudrait englober tout le spectre du monde, hic et nunc, et qu’importe l’utilisation décousue voire frauduleuse du jeune savoir acquis, la dose d’aveuglement inhérente au fait de ne pas avoir encore complètement sombré dans le cynisme.
Ce texte est justement inspiré par cette immersion dans les « aqua permanens » de la luxuriante et vive jeunesse ; d’un Océan-ceint, protecteur, confortable mais immobile, vers cette renaissance du mouvement vers l’Autre, d’une naïveté acceptée puisqu’elle est sorte de condition préalable à la Joie, pure, non polluée par l’expérience, inconnue, excitante.
C’est d’ailleurs cette simplicité que j’ai voulu invoqué ensuite en rappelant à moi des bribes de souvenirs dans cette merveilleuse langue à quatorze lettres qu’est le tahitien, langue très imagées où la traduction d’un seul nom peut prendre plusieurs lignes de français (un peu comme le breton d’ailleurs). La mettre en parallèle avec mes obscurs délires étant une façon d’autocritique vers cette marche à la complexification que je me suis longtemps imposé, un remède suggéré à l’aigre poison égocentrique du volontaire incompris, la dernière phrase en tahitien de ce paragraphe en forme de douce demande d’un retour vers l’empathie (« veux-tu chanter pour moi ? car je suis triste... »)
C’est donc ce qui suit, une forme de chant inspiré par ce que j’ai pu observer d’elle ; maelstrom que j’essaie de démêler entre mes pulsions personnelles et l’effet universel qu’elle a sur les hommes : ce Feu ambivalent qui crée et détruit, réchauffe mais consume.
Dans ce Feu, je vois aussi toute l’ambiguïté de l’adolescence, cet âge de la vie où le rejet de l’injustice se manifeste dans sa forme la plus pure, jusqu’aux symptômes psychosomatique tant elle s’exprime sans frein, mais un sentiment d’injustice qui peut tout aussi bien provenir d’une blessure de l’ego, narcissisme primaire dont on est encore trop jeune pour avoir les moyens de s’en affranchir...
Face à l’impasse, je me souviens alors que je ne suis plus un adolescent et qu’aussi charabiesque soit mon expression, j’ai par les arcanes de mes logiques intérieures les moyens de subitement acquérir maturité et lucidité pour réhabiliter la Splendeur de cette femme plus efficacement que par des réactions impulsives...
La Pavane... retour à l’apaisement, à la patience... Dans mon charabia, versant féminin du Paon (puisque Paonne ne me convenait pas). Et dans mon Bestiaire je n’ai pas d’animaux plus puissant, plus capable de transformer les poisons en Elixir de vie, insensible aux venins des Serpents, entièrement agissant pour les alchimier en Lux Aeterna...
Et c’est encore par le biais de mon charabia (finalement j’adore ce mot, aller hop, adopté !) que je transforme une situation personnelle en recherche d’universel. Car son nom réel en tahitien signifie « objet de tous les désir » (oui, oui, la Magie me parle constamment) et le miroir avec Pandore « l’ornée de tous les dons » m’a semblé absolument évident, et la nuance entre ces deux traductions tout à fait pertinente... Entre rayonnement de Splendeur absolue qui pourrait être source inépuisable et l’accaparement égoïste que font les hommes de ce cadeau inestimable, l’Amour Libre qui pourrait être Soin sur notre incommensurable besoin de tendresse, mais qui deviens poison lorsqu’il est administré à des psychés encore immature, et ce à tout âge...
Pandore, la trop curieuse, le prototype d’Eve, l’accablée par la doxa comme responsable de tous les maux (réinterprétation misogyne par l’héritage chrétien), et même l’Espoir resté dans le coffre lui est concédé comme un acte manqué... Terribilis ! Mais de ce que j’ai pu en lire, bien plus que d’espérance, le terme original ἐλπίς /
elpís se définit comme « l’attente de quelque chose »... et cela change tout ! Exit la notion chrétienne de Paradis à espérer pour supporter les douleurs de la vie (exit par la même occasion la justification de l’esclavage, servage etc.…)
Non, elle leur offre la possibilité de vivre leurs vies sans être dans l’appréhension permanente des maux à venir, appréhension qui serait bien pire que tous les maux car fondamentalement pétrifiante, et ce cadeau se fait sans contrepartie de soumission à une force supérieur ou dogme...etc.
Ma Pandore telle que je m'apprend à l’aimer, n’attend aucune promesse grandiloquente, et n’a prêtée aucun serment, et c’est ce que je tente d’apprendre à ma jeune âme, au travers de ce texte...
Maintenant que je fais pour la première fois l’exégèse de ce texte, je me rends compte que la fin serait à remodeler car bien qu’étant une conclusion « faisant le taf » comme on dit, de résumer les grandes étapes du voyage que l’on vient de faire, elle reste vestige du texte originel que j’ai largement écrémé pour lui enlever sa fonction première de message destiné à quelqu’un en particulier, et qui au lieu d’ouvrir sur les nouvelles possibilités d’une âme qui viens d’apprendre une leçon, reviens sur l’ambigüité précédente de mon désir passionnel... Ce que je trouve quand même intéressant mais qui s’éloigne de la structure de dissertation que j’ai voulu mettre en oeuvre ce matin en réponse à votre « Pensum d’adolescent »...
Mais en conclusion pour vous Marélie :
Peut-être que ma réponse vous indifférera royalement, et cela m’importe peu car je fais Feu de tout bois, et que ce genre d’exercice d’explication est exactement ce que je recherche en publiant mes poèmes ici...
Mais j’ai voulu vous montrer qu’il est particulièrement vain de dire à un auteur d’inspiration surréaliste qu’il ne comprend pas son propre monde, tous mes textes se répondant, la toile d’Araignée de ma mythologie personnelle est un enchevêtrement dans lequel je me déplace avec aisance, et que je peux retisser à l’infini selon les circonstances.
Tout aussi vain que d’aller parler de charabia à un Dali, qui par l’excitation que vous lui procurerez alors se mettras à déplacer des montagnes d’énergies pour vous prouver le rapport entre des montres molles, le fromage et Jésus ; bâtiras une œuvre monumentale exceptionnelle et reconnue par tous sur les vérités que Lui voit dans ce que vous appelez du charabia...
Avec tout le plaisir que m’a apporté la construction de cette réponse, je vous souhaite, ami, une bonne journée.