On s’est connus et puis on s’est perdu de vue ;
Souvent en bande, on festoyait, on s’appelait
Quand tombait la neige, quand chantaient les muguets.
Soudain surgit ce passé d’une photo vue ;
par réminiscence l’âme candide fut
mise à nu ; il était des repas arrosés,
on refit le monde, on avait plein de projets,
sûres de notre foi et de notre candeur.
T’en souviens-tu, ami ? De la belle Huguette ;
avec ses yeux de biche et son corps de déesse,
notre cœur éprit, notre corps fuyant la messe
et faisant le mur, on partit à bicyclette
tôt un bon matin, sang en ébullition,
snobant les fleurs des champs, tu fonças bile en tête,
maudissant mon vélo, jaloux de ta conquête,
je rentrai bredouille, excédé d’émotions.
T’en souviens-tu, ami ? De la virée épique ;
en porche un mot d’excuse de maman souffrante
forte comme lionne crut la prof absente
nous donna la clé de la bagnole mythique,
sous un beau soleil de juin, nous prîmes la treize
direction Deauville, nos corps blanc d’athlètes
exhibés au soleil, moqués par les starlettes.
On rentra penaud sans se manier la fraise,
gais mais pressentir la punition logique.
Adieu lycée et bonjour le monde réel ;
bac, fac et notre pacte devint surréel,
sur place des grands hommes, rendez-vous manqué.
Devenus parents, suivre chemins différents,
et on oublia de se souhaiter nos vœux,
la seine coule paisible sous Notre Dame.
Un jour par nostalgie, en absence des dames,
tu es venu, on bavardait et en tes yeux
Je vois qu’on demeure ami, presque comme avant.
Simlecteur janvier/2010