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Bien sûr
on aimerait
ne souffrir de rien
ne pas être morcelé
ne pas perdre le sommeil
ni le temps ni le sang
être un peu réchauffé
d'une joie méritée
enfin mis à l'abri
des soubresauts du monde
et déchiffrer la nuit
pour frayer le chemin
Entendre le chuchotement
de l'arbre à papillons
et goûter à l'envi
la capucine poivrée
Bien sûr
on voudrait
retrouver souvent
l'enfant que nous étions
galoper librement
au matin bleu du printemps
dans la paix des prairies
vibrantes de parfums
Bien sûr
avec le temps
je voudrais que tu m'aimes
dans une clarté nouvelle
traversée d'évidence
Mais bien sûr
je rêve
le réel est contraint
ce ne sont que chimères
Alors j'écris ces vers
que le vent éparpille
des courbes des vallons
jusqu'aux franges des eaux
aux fines failles des pierres
aux mâts des grands sapins
et dans le creux de ma main
je cache ce qui éclôt
des miettes toutes frêles
de charmes endormis