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Estrella de Cuba
On a pas le droit de quitter cette île.
Pita, mon mari, dit : " C'est comme çà!
Il faut accepter"...Quand chacun s'exile
Pour fuir le malheur, nous on reste là !
A Playa Cayo, tout le monde espère
Atteindre le grand rêve américain.
Sur un vieux rafiot ou dans la misère,
Il faudra choisir la mort ou la faim.
Mon frère a déjà tenté l'aventure
Vingt et une fois. " Pieds secs, pieds mouillés"
Comme on les appelle. Et leur vie est dure :
Un an de prison pour les émigrés.
Moi, je veux partir aussi de ce bouge
Sans joie, sans argent, à compter toujours
Le moindre peso, pleurant les yeux rouges
Des nuits en cachette et parfois des jours...
Pita nous exhorte à rester tranquilles.
Beaucoup ont péri dans le golfe bleu.
Je me sens liée, otage d'une île
Où Castro nous ment avec des mots creux.
Tout est rationné. Seigneur, nos misères
Coulent dans nos coeurs, mais le rire ardent
Illumine encore un peu tous nos frères
Qui vivent de rien, qui mangent sans dents.
Ici, c'est l'esprit Dédé la débrouille,
Le pays du troc, des petits boulots.
On vous rafistole un tacot en rouille,
Qui soudain rutile en Buick Verano !
Mes enfants qui crient de leurs ventres vides,
Je n'arrive plus à le supporter.
Le peuple cubain est fier mais les rides
Creusent leurs sillons dès la puberté !
Hier, j'ai appris qu'un cancer me ronge.
Il faut retirer tout mon utérus.
Mais comment payer ? La note s'allonge.
Pita est pêcheur mais n'est pas Cresus .
Le ciel s'assombrit sur notre famille :
Mon frère est parti sans un mot d'adieu.
Il est en Floride, à courir les filles
Oubliant l'enfer qui gît en ces lieux.
On a pas le droit de quitter cette île.
Moi j'en partirai les pieds en avant !
Mes pensées ont pris des songes tranquilles
Et je suis sereine à chanter souvent.
Je vois tout à coup la beauté des choses,
De ces petits riens que je délaissais :
Notre belle plage, éclairée de roses
Et ce franc soleil sur mes yeux baissés.
Je ne verrais pas les maisons de styles,
Les avenues chics, les hauts grattes-ciel !
Mais, dans le couchant de ma petite île,
L' ambre des couleurs vaut l'or et le miel !....
Peypin, 26 février 2021
On a pas le droit de quitter cette île.
Pita, mon mari, dit : " C'est comme çà!
Il faut accepter"...Quand chacun s'exile
Pour fuir le malheur, nous on reste là !
A Playa Cayo, tout le monde espère
Atteindre le grand rêve américain.
Sur un vieux rafiot ou dans la misère,
Il faudra choisir la mort ou la faim.
Mon frère a déjà tenté l'aventure
Vingt et une fois. " Pieds secs, pieds mouillés"
Comme on les appelle. Et leur vie est dure :
Un an de prison pour les émigrés.
Moi, je veux partir aussi de ce bouge
Sans joie, sans argent, à compter toujours
Le moindre peso, pleurant les yeux rouges
Des nuits en cachette et parfois des jours...
Pita nous exhorte à rester tranquilles.
Beaucoup ont péri dans le golfe bleu.
Je me sens liée, otage d'une île
Où Castro nous ment avec des mots creux.
Tout est rationné. Seigneur, nos misères
Coulent dans nos coeurs, mais le rire ardent
Illumine encore un peu tous nos frères
Qui vivent de rien, qui mangent sans dents.
Ici, c'est l'esprit Dédé la débrouille,
Le pays du troc, des petits boulots.
On vous rafistole un tacot en rouille,
Qui soudain rutile en Buick Verano !
Mes enfants qui crient de leurs ventres vides,
Je n'arrive plus à le supporter.
Le peuple cubain est fier mais les rides
Creusent leurs sillons dès la puberté !
Hier, j'ai appris qu'un cancer me ronge.
Il faut retirer tout mon utérus.
Mais comment payer ? La note s'allonge.
Pita est pêcheur mais n'est pas Cresus .
Le ciel s'assombrit sur notre famille :
Mon frère est parti sans un mot d'adieu.
Il est en Floride, à courir les filles
Oubliant l'enfer qui gît en ces lieux.
On a pas le droit de quitter cette île.
Moi j'en partirai les pieds en avant !
Mes pensées ont pris des songes tranquilles
Et je suis sereine à chanter souvent.
Je vois tout à coup la beauté des choses,
De ces petits riens que je délaissais :
Notre belle plage, éclairée de roses
Et ce franc soleil sur mes yeux baissés.
Je ne verrais pas les maisons de styles,
Les avenues chics, les hauts grattes-ciel !
Mais, dans le couchant de ma petite île,
L' ambre des couleurs vaut l'or et le miel !....
Peypin, 26 février 2021