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Propos d'un vampire
Avant les lueurs crépusculaires d'un lever matutinal
Je me retire dans la sombre crypte du château délabré
Evitant les rais destructeurs d'un soleil éclatant
Dormir le jour, tel est le sort funeste du rejeté de Dieu
La malédiction éternelle d'un Mort-vivant à l'âme damnée
Mon cœur est sec comme la pierre
Et mon esprit est terne comme la cendre
J'ai renié la foi pour acquérir l'immortalité
Car je ne pouvais pas supporter
La putréfaction programmée du corps
J'ai signé de mon sang, les termes du marché
Sur un parchemin en vélin, abandonné mon âme au malin
Afin d'éviter la fin décadente des mortels humains
Le temps n'avait plus d'emprise, plus de poids
Sur mon existence de vampire, j'étais un anachronisme
Une anomalie sur la Terre
Je n'avais qu'un seul but, me nourrir du sang capiteux
Et enivrant de ces pauvres victimes, plantant mes crocs acérés
Dans le cou palpitant des femmes qui se donnaient à moi
J'aimais ces veines rouges qui attendaient
Le baiser mortel de ma bouche avide
Mais que vaut cet état si je n'ai plus de joies simples et heureuses
Celles que j'ai vécues quand j'étais un homme que l'on dit normal !
Je suis un monstre ! N'enviez pas mon sort !
N'ayez pas peur de la Mort, elle n'est qu'un passage
Pour moi, l'immortalité est pire que ma propre Mort !
Et je m’endors dans mon cercueil avant le lever de l’astre de feu
Pensant dans mes cauchemars à tous mes aïeux !
Moi, le vampire
J’ai choisi de mourir et renaître en vampire
Fuir le jour et embrasser les mortels soupirs
De la nuit, ne plus sentir la chaleur du corps
Les émois du cœur, pour un avenir si gore.
En un baiser mortel, tout en perdant mon âme
Je survis par le sang, surtout celui des femmes
Don Juan des enfers, les crocs si acérés
Je les sens palpiter, leur regard sidéré.
Et quand survient le noir, il est temps de partir
De retourner dans mon cercueil, obscurs martyrs
Que mes victimes, je prends leur vie, sans vergogne
Pour oublier, la puanteur de ma charogne.
Moi qui suis damné ! D’être immortel et vampire !
Que m’importe la mort, les ravages du temps
Car je ne peux point mourir, juste m’assoupir
Je me vomis, de jouir d’un corps de mutant.
Revoir poindre le jour d’un soleil éclatant
Ressentir à nouveau les émois de mon cœur
Je ne puis accéder à ces plaisirs si plaisants
Condamné au sort, de souffrir d’un crève-cœur !
J’ai voulu l’éternité, j’ai eu solitude
Et l’enfer ! Dans ce caveau, pensant à ma vie
Je n’avais que soupirs, tout était lassitude
J’ai vendu mon âme à Satan, je suis maudit !
Je pleure l’amour immortel, des larmes de sang
Coulent le long de mes joues blanches et blafardes
Car moi vampire ! J’ai perdu l’aimée, impuissant
Quel cruel sort, j’en veux à mort à la camarde !
Je me rappelle des folles nuits, d’aventure
Quand nous allâmes à deux, les crocs aiguisés
Mordre la chair savoureuse des créatures
Plonger dans le cou des humains épuisés.
Déguster ces succulents repas, ressentir
Palpiter la vie qui part en quelques instants
Tenir dans les bras, ces pauvres poupées de cire
Hélas ! Ma compagne est partie vers le néant !
Minuit
Minuit, je sors de ma torpeur crépusculaire
Je détends la mâchoire et muscles maxillaires
Un goût âpre dans la bouche, les incisives
Veulent sortir soudain de leur langueur oisive.
Etre vampire n'a pas de côté romantique
L'immortalité a cet aspect pathétique
La Mort embrasse la vie, de ses longs baisers
Fatals, elle n'a jamais l'esprit apaisé.
Chasse à l'humain, perpétuel rituel
Le travail artisanal, surtout manuel
J'aime planter les crocs aiguisés dans le cou
De mes proies qui meurent d'effroi à tous les coups.
Aucun sentiment, ce ne sont que des poupées
Que le garde manger et j'en fais mon souper
De succulents repas, parfois assaisonnés
De sang coagulé, jamais empoisonné !
Le forfait accompli, repu de l’élixir
La nuit m’appartient, c’est tout mon univers
Le royaume des ombres, aux visages de cire
Les corps exsangues ne sont que des faits-divers.
J’ai beau être un revenant, une créature
Aux mœurs si douteuses mais j’ai aussi un cœur
Même si cela n’est pas dans ma vraie nature
Aimer ! Pour les femmes, je n’ai point de rancœur.
Comment déclarer cet amour que j’ai en moi
Pourrais-tu chérir, moi qui donne que la mort
J’ai des sentiments qui me mettent en émoi
Cause perdue qui me laisse à mon triste sort !
Nosferatu
Sur les terres sordides des peurs ancestrales
Quand les lieux se couvrent de terribles ténèbres
Ressurgissent soudain les craintes viscérales
Les effrois, les tourments et les rites funèbres.
Dans les sombres ruelles d'un village maudit
Apparaît sortant des brumes, Nosferatu
Le démon cherche sa proie au cœur d'un taudis
L'enfant à l'âme pure et de grande vertu.
Cruelle bataille entre le bien et le mal
Que peut le vampire contre la main de Dieu
Et dans chaque humain sommeille Nosferatu
Elle va s'abattre sur la bête anomale
Qui doit s'enfuir dans les profondeurs des cieux
Car l'homme est avant tout un animal qui tue
Ô toi !
Roulons-nous dans le lucre, stupre et la luxure
Que nos corps se mêlent, s'entremêlent, jouissent
Ils frémissent déjà au goût de nos morsures
Mord-moi ! Brutal, fougueux vampire les entrecuisses.
Abreuve-toi du nectar de mon doux calice
Tes baisers sataniques sont un pur délice
Je réclame tes caresses sur ma peau lisse
Ton ardeur démoniaque nous rend complices.
Que tes longs crocs acérés pénètrent ma chair
Aspire le suc brûlant qui te donne vie
Je fais don de ce sang, par amour mortifère
Ce fluide vital assure ta survie.
Accorde-moi la Mort car tu es un vrai mâle
Ô toi, mon bel immortel ! Fait de moi ta femme
Célébrons notre amour devant l'autel du mal
Que cette union ne meurt jamais dans les flammes !