Un Ciel Noir, des Cris et la MORT
De ma cellule je contemple l’Azur du Ciel,
Et tout là-haut un couple d’hirondelles,
A travers les barreaux je les suis des yeux !
Ivres de liberté, elles planent sur tout ce bleu !
Et moi, désespérée je songe à nous deux,
Qui, comme elles vivions libres et heureux !
Avant ma naissance, si fille, je t’étais destinée,
Aussi, que de joie dans nos familles quand je suis née !
Et, hier, comme c’est loin, tu avais vingt ans,
Et hier, une éternité, j’avais seize printemps !
Tu m’as emportée jeune épousée dans tes bras
Tendrement tu m’as déposée entre tes draps,
Parfumés de lavande et de romarin !
Un brasier tu as allumé dans mes reins,
Sous l’assaut passionné de tes caresses
Je me suis noyée dans ton amour avec ivresse !
Quant au petit matin, d’un rayon doré,
Le soleil est venu nous éveiller,
Tendrement contre toi tu m’as serré
Et doucement dans mon oreille tu as murmuré
Il nous reste ma Mie
Pour nous aimer, toute notre vie !
Hélas ! Notre destin a basculé,
Quand les soldats du pape sont arrivés,
Notre demain s’est arrêté à aujourd’hui !
En un instant notre avenir a été détruit !
Ils ont violenté, tué, pillé,
Personne n’a été épargné !
Il ne reste de Cabrières
Qu’un vaste cimetière,
Et des cris, et des pleurs,
Et partout le règne de la peur !
Dehors, il fait toujours aussi beau !
C’est vrai, le printemps est chaud !
Pourtant j’ai tant froid
D’être loin de toi !
J’ai perdu
Vois –tu
L’espoir
De te revoir !
Où es-tu mon Bien Aimé ?
Vers quelle mort t’ont-ils emmené ?
De souffrance je voudrais hurler
Ma voix s’est cassée,
Comme s’est brisé mon cœur
Sous le poids de trop de douleur !
La porte de ma prison vient de s’ouvrir !
Je sais, mais quelle importance, je vais mourir,
Pour notre foi que je n’ai pas reniée,
Je suis condamnée à périr brûlée !
Sans verser une larme et sans trembler,
Je monterai la tête haute sur le bûcher !
Je sais, que pardessus les flammes,
S’envolera libre mon âme !
Malgré nos bourreaux,
Où que tu sois mon HUGO,
Elle viendra te retrouver,
Et plus rien ne pourra nous séparer !
Émeline est montée sur le bûcher,
Malgré sa peur, sans hésiter !
La foule regarde en silence, horrifiée,
Les flammes rouges, bleues, vertes et dorées !
Émeline étonnée, ne ressent aucune souffrance
Alors que le feux autour d’elle virevolte et danse,
L’enveloppe, semble la caresser,
Comme pour se faire pardonner
D’être hélas à ce moment
De sa mort l’horrible instrument !
En mémoire de ma lointaine ancêtre, morte pour
L’amour de son Dieu qui pourtant était le même
Que celui de ses bourreaux !
Emie